Un prélude
Cinq séquences,
redistribuées au hasard
Un postlude
«Avec Vidiel’a nous voulons travailler sur les débuts et les commencements. Des débuts qui n’ont pas de fin. Des débuts qui restent des prémices. Des débuts qui deviennent des longs cours. Des débuts qui ne commencent jamais. Des débuts échevelés, rapiécés. Bref, aller de début en début pour construire un son, un geste, un chant, une histoire ». Les trois artistes de la compagnie À trois branches ont exploré, mélangé, malaxé, trituré… et construit un spectacle qui explore la vocalité comme a pu le faire Cathy Berberian lors de la création de l’Aria de John Cage à Rome. Une révolution absolue de la technique vocale qui laissa à l’époque le public stupéfait. Deux séquences sont extraites de l’Aria de John Cage et trois ont été commandées au compositeur et créateur de l’ensemble Offrandes Martin Moulin, contrepoint à deux voix de la partition de Cage. Pour habiller le propos, Marie-Noëlle Deverre a conçu une scénographie échevelée et improbable, faite de pièces de cuirs colorés, à la fois éléments de sculptures-décor et costumes qui associent les matières recyclées au son pur des voix qui se mêlent. Cage aurait aimé sans doute tirer les fils de cette fantaisie inouïe, s’amusant des multiples voies possibles et obéissant au principe de composition qui lui était cher, le hasard.
Edwige Bage, Margot Châron, Sophie Mourot et Marie-Noëlle Deverre ont étroitement collaboré à la conception de Vidiel’a. Leurs univers artistiques se sont mêlés pour élaborer cette forme hybride que Florian Laze a mise en lumière. Le pari peut sembler insensé auprès du très jeune public. C’est sans compter sur le fait que les tout-petits n’ont pas d’a priori culturel. Une éducatrice déclare « je n’y comprends rien mais je regarde les enfants et ça fonctionne ! Les sons les captivent ». L’inhabituel n’est rien d’autre qu’une surprise, la vocalité débridée des artistes résonne avec les propres explorations vocales des très jeunes enfants. Il faut souligner que cette création a été préparée lors de temps de résidence au Quai des Arts et à la Crèche des Abeilles à Argentan. « Nous souhaitions façonner et partager la matière de notre spectacle auprès des enfants au sein des structures d’accueil de la petite enfance ». Des moments informels, sans obligation ni horaire, ont permis aux artistes de lever les derniers doutes, de trouver un ancrage aux propositions, « en laissant les enfants libres d’observer, d’écouter, de réagir ou de rester à distance ».
« Tirer les fils de l’Aria de John Cage, c’est suivre les chemins d’une fantaisie inouïe, s’amuser des multiples voies possibles et des sentiers surprenants ». Pour guider le public sur ces chemins inattendus, les artistes ont imaginé un accueil attentif. « Nous allons chercher le public » précise Sophie Mourot. La guirlande d’une grosse pelote les guide jusqu’à l’espace scénique, lien direct avec le spectacle dans lequel les artistes ont souhaité jouer avec la laine « cette matière colorée et rassurante, qui caresse ou qui gratte, qui se file, se tisse, se tricote, trace, crée des liens et écrit des histoires de transmission. Le public est également invité à tirer les cartes de la remise en jeu des cinq séquences. Encore le hasard qui au gré du résultat des cartes va ordonner la succession de séquences générant à chaque représentation un spectacle différent. Un recommencement perpétuel pour cette juxtaposition sensible de commencements sans fin.
Le départ est lui aussi accompagné et peut-être prolongé pour ceux qui voudraient vivre les ateliers enfants-parents, proposés par la compagnie. Une manière sans doute de ne pas rompre le fil d’Arianne qui se serait tissé lors de cette rencontre avec Vidiel’a.
• HK
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