L’équipe de la Cité Myriam assure, pour les familles, une sécurité dans le quotidien. Au delà de l’urgence, elle s’est engagée dans un accompagnement culturel qui renforce le climat de confiance.
L’association des Cités du Secours Catholique développe des actions et des missions en direction des personnes défavorisées, privées de logement, handicapées, confiées par l’Etat et les collectivités locales. L’établissement Cité Myriam, dont le siège est implanté à Montreuil, en Seine-Saint-Denis est l’un des établissements de cette association. L’équipe accueille des familles et coordonne dans tout le département, des dispositifs d’hébergement pour des personnes qui peinent à accéder au logement de droit commun ou à s’y maintenir. Depuis vingt ans, nos actions ont dû se porter sur l’organisation familiale dans laquelle les adultes et les enfants puisent l’énergie nécessaire à leur long parcours d’insertion, avec une attention spécifique en direction des enfants. Nous accompagnons souvent les ménages sur plusieurs années et nous devenons peu à peu, grâce à la confiance réciproque et à l’engagement de chacun et chacune, des personnes ressources préoccupées par l’intérêt de l’autre.
Le centre d’hébergement est un lieu privé accueillant du public. Les locaux abritent de nombreuses détresses cumulées mais aussi le besoin d’appartenir à une société plus juste qui favorise l’inclusion. Nos locaux sont des lieux de vie, remplis des peines et des joies des familles qui y partagent souvent tout l’éventail de leurs émotions et de leurs personnalités. Les enfants se développent et grandissent ; les parents sont soutenus dans l’exercice de leur parentalité. La précarité fragilise toutes les dimensions de l’existence et l’enfant préserve au mieux sa sécurité dans le lien d’attachement avec l’adulte qui s’occupe de lui. Animer un atelier de pratiques musicales c’est être convaincu que faire ensemble permet de grandir et de reconnaître que les compétences parentales sont là, présentes, dans une relation d’attachement durable.
Notre rencontre avec Enfance et Musique s’est faite en 2010 autour d’une action de formation musicale des équipes d’une part et d’un accompagnement du public dans un atelier de pratiques musicales d’autre part. L’objectif était de proposer et d’élaborer un répertoire commun de comptines et chansons à transmettre aux enfants, en s’appuyant sur les interactions parents-enfants, au sein d’un groupe animé par la musicienne formatrice et l’équipe éducative, avec une dimension de formation pour que les équipes puissent ensuite animer à leur tour ces rencontres.
Nous savions qu’il est essentiel d’entourer les personnes en proposant des murs, un toit et une sécurité dans le quotidien. Nous savions depuis bien plus longtemps encore, que la cellule familiale doit être renforcée, que les liens familiaux doivent être regardés avec bienveillance, que la culture et la mixité doivent être considérées sans méfiance.
Nous savons maintenant encore plus que nous devons mettre en place des actions collectives qui placent l’enfant au cœur de l’activité, que l’accès aux loisirs et à la culture participe du processus d’intégration et d’éveil à l’autre.
L’accompagnement social ne relève pas des mêmes champs d’intervention que l’éducation ou l’animation notamment, parce que notre responsabilité est d’abord tournée vers l’adulte. L’intimité familiale doit rester protégée, la place du tiers n’est pas forcément vécue comme positive. Nos actions portent sur l’accès aux droits, l’accès aux ressources, l’accès aux institutions. Le travailleur social doit être dans une juste distance en évitant une trop grande proximité émotionnelle avec la personne accompagnée. La distance est au cœur du métier et là, les projets collectifs de soutien au développement de l’enfant, d’aide à la construction des liens familiaux n’ont pas forcément une place prioritaire.
Nous savons que la précarité des familles hébergées retentit très souvent de manière négative sur les relations parents-enfants. Les parents, de par leur situation, sont préoccupés, voire déprimés, en position de repli ; les enfants peuvent alors représenter pour eux une responsabilité supplémentaire qui accroît leur sentiment de culpabilité et de dévalorisation d’elles-mêmes. Dans le même temps, et de manière ambivalente, la présence des enfants peut représenter pour eux souvent le point d’ancrage à partir duquel ils vont trouver le courage et la persévérance nécessaires pour chercher des issues favorables à leur situation.
Un atelier culturel mené avec les parents et les enfants restaure l’idée d’une société de partage et de solidarité. Il véhicule des valeurs de respect de l’autre et permet de mettre en mouvement des énergies personnelles. Les bénéfices sont rapidement présents pour les participants et les ateliers sont riches de conséquences heureuses. Au sein de l’atelier, on s’accueille puis on se quitte, on partage des règles, on autorise les enfants à « aller vers », on se surprend souvent et on participe de la qualité des interactions et des compétences. Les équipes éducatives ont su se saisir d’un nouvel outil pour créer un climat de confiance où chacun peut donner et recevoir, restaurant ainsi l’estime de soi.
•Françoise Goetz
Cheffe de service Pôle urgence
familles-logement
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