Le théâtre Massalia à Marseille

Au cœur de la Friche Belle de Mai, le Théâtre Masssalia entretient depuis plus de trente ans une présence attentive aux créateurs et aux publics.

Au terme d’une histoire déjà longue, le Théâtre Massalia est devenu en juillet 2015, Scène conventionnée pour le jeune public et le tout public. Tout commence en 1987 avec Philippe Foulquié alors directeur qui propose l’ouverture d’un lieu dédié à la marionnette. L’adresse au jeune public est encore en travail, le positionnement s’affine à la fin des années 90. En 1992 commence l’aventure des friches. Le théâtre Massalia quitte le centre ville pour investir la Friche Belle de Mai, ancienne friche industrielle de 35 000 m² devenue un pôle culturel urbain, rassemblant 70 structures. « Cette nouvelle installation supposait de reconstituer un public » précise Graziella Végis, conseillère artistique du Théâtre Massalia. 

PETITE HISTOIRE D’UN LIEU

« Le travail avec les tout-petits était alors de l’ordre de l’expérimentation. Nos questionnements sur le public ont été un élément constitutif de la recherche artistique. Des rencontres artistiques nous ont conduits vers le jeune et le très jeune public. En 1994,
la proposition singulière de Laurent Dupont, en tournée dans les crèches, nous a motivés pour affiner notre démarche en direction de ce public et des professionnels de la petite enfance. Que pouvions-nous apporter aux bébés et aux adultes qui les accompagnent ? L’adresse à ce public impliquait de réfléchir à la proposition artistique, d’élargir notre travail autour de la marionnette, de prendre en considération la réception de notre offre ». Au fil des années, la programmation destinée à tous les publics a intégré la dimension de la petite enfance ; les liens avec les familles et les professionnels de la petite enfance se sont développés, l’accompagnement de la création s’est structuré, un programme ressources a vu le jour. Depuis 2013, le Théâtre Massalia anime un collectif d’artistes et d’opérateurs réunis en Provence-Alpes-Côte d’Azur autour de la Belle Saison pour l’enfance et la jeunesse. Cette plateforme régionale coordonnée par Graziella Végis se donne aussi pour objectif de sensibiliser les élus et de les amener à mesurer l’impact d’une politique culturelle dédiée au jeune public. « L’enfant dans sa ville » est un cycle de rencontres qui anime cette réflexion. 

Le Centre Ressources, créé en 2003 est un espace de réflexion et de travail ouvert au public, aux artistes et aux chercheurs. La collaboration avec la compagnie Skappa! a, dans un premier temps permis de réfléchir avec des professionnels de la petite enfance, de les intégrer aux créations sous forme de journée de travail au plateau, d’ateliers, d’une correspondance avec les crèches, d’une lettre professionnelle. 

LE RÉSEAU ART ET TOUT-PETIT

Pour 2013, année où Marseille est devenue capitale européenne de la culture, a émergé le projet Art et tout-petit avec notamment une préoccupation sensible aux questions de formation : « nous n’étions pas encore allés assez loin » souligne Graziella Végis. « Les formations nous ont permis d’aborder des approches plus pratiques auprès des équipes ». 

Constitué depuis six ans, le réseau Art et tout-petit interroge la relation des enfants avec les arts. Il regroupe à ce jour une centaine de membres, fédérés par un comité de pilotage. Afin de répondre aux attentes des professionnels de la petite enfance, le réseau organise chaque année, deux ou trois journées d’information, de réflexion et d’ouverture vers des projets. Chaque année, en lien direct avec ce réseau, le Théâtre Massalia propose également, un parcours de quatre spectacles aux professionnels de la petite enfance ; c’est un temps de découverte et de partage de différentes réceptions des spectacles. Avec le souci permanent d’entrer en relation avec le spectacle vivant, une fois par an est organisée une journée d’échanges, d’atelier et de partage d’expérience. Pour une douzaine de participants (voire un peu plus) cette immersion dans une pratique se construit en direct avec les artistes. « Une bonne proposition peut provoquer l’investissement » souligne Graziella Végis. « Dans une fissure, pousse une graine… C’est le principe des Saxifrages, qui est un programme ressources ouvert à tous ceux que le spectacle vivant interroge. C’est l’idée d’investir, par petits groupes, en réalisant de petites choses qui pourraient s’ériger en modèles d’action à mener. Dans ces espaces non convoités, la liberté de sensation et d’imagination reste intacte ». 

Les saxifrages (aussi nommées perce-pierre) sont des plantes qui s’infiltrent dans des fissures et des interstices improbables. Une image forte pour un épanouissement vivace des démarches artistiques, à voir fleurir dans des espaces encore à investir.

• HK