SUM, poésie sonore et gestuelle, Cie Sons de toile

Spectacle pour pêcheurs curieux : « Je suis un corps qui cherche, qui répète et transforme, qui pêche tout et qui goûte. Je suis un corps patient qui crée en jouant, je suis vivant. » 

Gouttes d’eau et petites bulles… Arrive un pêcheur qui fredonne… Au fond du plateau, un arbre, sculpture de papier qui devient lumineuse… Ça mord… la pêche aux sons est ouverte !  « Sum… Je suis là, je vous vois. Sum… tu es là, toi ». Un singulier corps à cœur s’engage entre l’artiste et les spectateurs, suspendus aux surprises de cette pêche aux sons miraculeuse. « La compagnie Sons de toile explore l’expressivité des corps. Les corps silencieux, les corps musicaux, les corps parlants, les corps poétiques… Elle cherche la légèreté qui touche les sens en profondeur ». Simon Filippi, co-fondateur de la compagnie, parcourt tout ce que le corps nous offre comme chemins d’exploration. Les éléments qui composent la représentation sont épurés, sans artifice, dans une approche sensible qui laisse de la place aux rires et aux surprises, comme ce cœur de papier qui palpite dans la main de l’artiste et qu’il offre à un enfant. Sum s’est fabriqué dans les crèches, avec l’intention forte d’aller au-devant des tout-petits pour les embarquer sur une rive poétique et joyeuse. 

LE MANGEUR DE SONS

Le pêcheur mange son poisson, il a mal au cœur. S’ensuivent des onomatopées… surgissent alors des rires. L’humour est là aussi, sans cesse sollicité au même titre que la douceur et l’harmonie. Dans une grande proximité avec le public, le langage du corps sert de fil narratif, l’artiste communique avec ses gestes. « Souvent, c’est le premier spectacle dans la vie des tout-petits ! Leur porosité énergétique doit être gérée, en douceur et en attention sans cesse sollicitée.

Les tout-petits absorbent tout ce qui les entoure, j’ai donc filé la métaphore du mangeur de sons en imaginant cette canne à sons, techniquement complexe où il s’agit de les enregistrer et de les transformer en direct, le tout coordonné avec mes gestes et ma voix, sans que personne ne s’en rende compte ! On a l’impression que tout émane de moi ». La diffusion des sons coordonnés au jeu corporel relève de la haute voltige du technicien-musicien complice. Le jeu avec le papier démultiplie les sources sonores, « c’est une matière simple et riche, à la portée de tous ».

LA POÉSIE DU VIVANT

Basée à Sigalens, petit village du sud Gironde, La compagnie Sons de toile fêtera, en janvier 2025, son quinzième anniversaire. Simon Filippi s’est formé au théâtre-clown au centre national des Arts du cirque : « nous invitons les publics à partager notre sensibilité et nos réflexions sur un monde qui nous apparaît de plus en plus désincarné et qui semble s’éloigner de cette sensibilité à la poésie du vivant. Nous sommes attentifs aux adultes qui accompagnent l’enfant et nous menons régulièrement des actions avec les habitants pour partager des espaces de vie sociale » . 

Le son, le corps, le mouvement sont au centre d’une recherche constante sur l’art du geste, avec des expressions artistiques associées comme le masque ou la marionnette. « Avec les tout-petits, j’ai observé, je me suis inscrit dans des moments de vie, je me suis mis en situation avec eux ». En résultent des moments d’une subtile finesse qui plongent le spectateur dans un bien être harmonieux. Sans oublier le rire, au détour du jeu, car après tout, il est vraiment réjouissant ce pêcheur-mangeur de sons qui repart en chantant… « Merci, je me suis régalé. »

• HK