Carole Gouteux habite l’île d’Oléron et est danseuse. C’est elle qui a pris l’initiative du projet qui s’est déroulé en 2008-2009 dans les crèches et les ateliers des assistantes maternelles de l’île et qui conjuguait pour chaque structure des ateliers auprès des tout-petits, des représentations d’un spectacle de danse et une soirée conviviale de partage de ce qui s’était vécu au cours de cette action.
« Pour que dansent les bébés » a pu se réaliser, dans le cadre du contrat régional de développement durable 2007-2013, grâce à l’association 1.2.3. ÉVEIL, qui a accepté, en tant qu’association d’en être la structure porteuse. Forts du succès rencontré avec « Pour que dansent les bébés », les partenaires de ce projet, qui sont convaincus de l’importance de l’éveil des tout-petits, y compris dans sa dimension artistique, ont décidé de reconduire l’initiative en soutenant un second projet « Songes de bébés danseurs ».
Coup de projecteur sur une action artistique mêlant éveil des enfants, réveil de la sensibilité des adultes et décloisonnement entre parents et professionnels mais également entre modes d’accueil collectif et accueil individuel chez les assistantes maternelles.
C’est la rencontre de Carole Gouteux avec Jocelyne Bordrie qui a permis que ce projet puisse se réaliser : « J’ai rencontré Jocelyne en 2008 et après une discussion passionnante, il a été décidé que ce serait son association qui porterait ce projet parce que ses objectifs et son fil directeur correspondaient complètement aux orientations de l’association. J’ai su que le projet pourrait voir le jour alors que jusque-là je n’avais pas réussi à convaincre les autres structures d’accueil du pays de m’aider dans sa réalisation alors que ce portage par une structure de la petite enfance était indispensable à son financement. »
Un dispositif au long cours
Pendant une année scolaire, six lieux d’accueil de la petite enfance (les quatre crèches et les deux espaces d’accueil de 1.2.3. ÉVEIL), soit 200 enfants, 60 professionnels et une centaine de parents ont participé aux trois volets de cette action. Deux fois par mois (soit 12 séances par structure), Carole Gouteux a animé un atelier d’environ une heure pour accompagner les enfants dans leur découverte du mouvement, de l’espace, de la danse. Expérimentation de sons produits par le corps au contact de différentes matières, déplacements dans l’espace, prise de conscience de l’autre, expérience de la communication avec les adultes à travers le langage du corps furent quelques-unes des propositions faites par la danseuse, qui s’adaptait à chaque fois au contexte, à l’âge des enfants, à la configuration des lieux, à la plus ou moins grande réserve des adultes présents aux cotés de l’enfant…
Des représentations du spectacle Jouer dans les lumières du vent ont été organisées dans les salles des fêtes des communes du Château, de Dolus, Marennes et Saint-Georges ; ce spectacle avait été créé par Anne Journo, une autre danseuse, dans le cadre d’une résidence en crèche à La Rochelle deux ans auparavant. Sa présentation a été l’occasion de nourrir les imaginaires des enfants comme celui des adultes et a contribué à donner sens aux ateliers menés dans les structures.
Une soirée conviviale de restitution en images, avec exposition de photos et images vidéo, a clos provisoirement cette aventure en rassemblant, dans chaque structure, les parents, les professionnelles et les enfants. L’association 1.2.3. ÉVEIL en a profité pour ouvrir ces soirées à des familles et des assistantes maternelles, non membres de l’association. L’objectif a été atteint : plusieurs d’entre elles ont manifesté le désir de faire partie de l’association pour que les enfants puissent bénéficier de cette ouverture sensible sur le monde.
Le travail avec les tout-petits
La rencontre avec les tout-petits était une première pour Carole Gouteux qui, jusque-là, animait, dans le cadre d’une association, des ateliers d’éveil à la danse pour des « grands » à partir de 4 ans. C’est un musicien qui intervient dans les crèches qui lui a proposé de venir faire des ateliers d’éveil corporel. Ce fut pour elle une découverte et une vraie remise en question dans sa manière de proposer la danse aux enfants : « Dans le travail avec les tout-petits, naît un désir de sincérité, de justesse et de vérité. Le travail avec les enfants apprend à être le plus juste dans son expression. Au début, j’étais dans la direction d’un atelier d’éveil corporel. Je me demandais comment j’allais réussir à les faire danser. Il faut un désir pour mettre son corps en mouvement, il faut une motivation. Finalement, j’ai trouvé en me mettant moi-même à danser. Je n’étais plus là pour leur demander quelque chose mais pour susciter le désir chez eux de danser. Les enfants sentent tout. Par exemple, ils savent quand je danse en étant vraiment dans mon imaginaire, dans l’exploration réelle de ce que je fais. Ils partent avec moi s’ils sentent tout cela », explique Carole Gouteux qui dit également combien son travail d’artiste a été nourri de cette rencontre. « Je ne jouais pas autant que ça avant. J’ai retrouvé le plaisir de jouer. Jouer avec les autres, avec ce qu’on entend, avec le corps. Jouer, c’est prendre du plaisir à faire ce que l’on fait. Il faut sentir, être dans la bonne sensation sans nécessairement se forcer à être en mouvement, à montrer et à apprendre aux enfants. En tant qu’adulte, j’accompagne mais je ne dis pas aux enfants comment agir ou bouger. Être dans l’échange avec l’enfant permet de partager des sensations avec les enfants. »
Les professionnelles qui accompagnent les enfants au quotidien participaient également aux ateliers. Elles y ont découvert des enfants « maîtres de leurs actions et de leur investissement », et eu la surprise de découvrir « certains enfants s’exprimer autrement, ce qui a permis de changer certains a priori sur le comportement de celui jugé trop réservé ou trop agité ». Ces ateliers ont été également, pour elles, l’occasion d’une ouverture vers d’autres possibilités de communiquer avec les bébés par le langage du corps, vers un renouvellement de leur écoute, de leur capacité d’observation et d’accompagnement des plus actifs ou des plus timides.
La transmission aux assistantes maternelles
Pour certaines assistantes maternelles, le travail sur le corps suscitait une certaine réticence ; elles ne savaient pas quelle présence avoir, n’osaient pas trop s’investir, ce qui compliquait un peu l’approche des enfants. « Les enfants accompagnés par ces professionnelles ont eu plus de mal à s’invertir dans les ateliers car ils avaient besoin de sentir leur assistante maternelle en confiance pour se permettre de l’être eux-mêmes », constate Carole Gouteux. « De manière générale, précise-t-elle, il a d’ailleurs été plus difficile pour moi de créer du lien avec les enfants gardés par des assistantes maternelles qu’avec ceux accueillis en crèche collective. Il a fallu que je joue avec eux dans la piscine à balles, par exemple, que je les apprivoise, les rencontre, fasse connaissance avec eux ».
Forte de cette expérience, Carole Gouteux a poursuivi cette aventure de la danse avec les bébés en proposant un temps de formation aux professionnelles : « Je vais engager un travail avec les assistantes maternelles qui seraient intéressées par une formation de deux heures chaque soir pendant une semaine. Il ne s’agit pas d’un travail théorique. Mon objectif consiste à amener ces adultes à expérimenter « l’état de danse », à éprouver de façon intime et personnelle leurs propres sensations en lien avec l’espace, le rythme, l’autre, la gravité. Pour laisser parler leur corps, se sentir libre de s’exprimer, elles doivent réapprendre à être dans le même état de découverte que l’enfant. De cette façon, elles pourront partager d’avantage encore avec les petits en pleine découverte de leur motricité. »
« Songes de bébés danseurs »
En 2009-2010, l’aventure s’est prolongée, toujours dans le même cadre, avec le projet « Songes de bébés danseurs », qui comportait, cette fois, une résidence d’artiste éclatée dans huit lieux d’accueil des enfants. Pendant plusieurs matinées, Carole Gouteux est retournée animer des ateliers et nourrir son imaginaire et ses sensations auprès des enfants accueillis en crèche ou par des assistantes maternelles. De ses observations et de ses échanges avec eux, mais aussi au cours des ateliers autour du son, de la voix et du mouvement, elle a extrait l’inspiration et la matière de son premier spectacle Au doux ruisseau d’émoi qui a été présenté aux enfants et à leurs parents ainsi qu’aux assistantes maternelles tant à Marennes qu’à Oléron. Un pianiste et une plasticienne ont apporté leur contribution à cette histoire dans laquelle le corps parle de la joie, de la peur, de la colère, de l’amour… Autant d’émotions qui étreignent tous un jour petits et grands !
« Une belle façon de s’entendre… Tous pareils, tous humains ! », conclut Carole Gouteux. ν
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Carole Gouteux
5 bis, Route de Bonnemie
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Tél. : 05 46 47 36 48
gouteux.carole@orange.fr
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