© Photos Karine Michelin, Tiphaine Lanvin, Léa Legrand - Festival Jeune et Très Jeune Public 2021 - Gennevilliers

Paroles de festivaliers

Gennevilliers, février 2021

Une édition exceptionnelle à plus d’un titre… Des professionnels de la culture et de la petite enfance expriment les raisons de leur présence.

 

Dans le respect des restrictions sanitaires, la cinquième édition du Festival Jeune et Très Jeune Public de Gennevilliers s’est tenue du 3 au 14 février. Géraldine Salle, responsable du Service Spectacles/Jeune Public à la direction culturelle de la ville, souhaitait que le festival mette en lumière le partenariat avec Enfance et Musique et son réseau ainsi que le travail tissé durant toute l’année entre des artistes et les lieux de la petite enfance. En plus du très jeune public des crèches, des maternelles et des écoles élémentaires, placé au premier rang des spectacles, on retrouvait derrière eux de nombreux professionnels, venus faire leur choix ou tout simplement découvrir les créations. 

 

EN LIEN DIRECT AVEC LE SPECTACLE VIVANT 

 

Annick Jacquet, directrice de crèche à Châlon-sur-Saône est chargée de mission culture Petite Enfance à la Mairie. Elle vient à chaque édition du festival, pour transmettre ensuite des propositions aux structures de sa ville, la Scène Nationale, qui s’engage depuis peu auprès des tout-petits ou le festival Châlon dans la rue, qui s’intéresse désormais au très jeune public. Pour Annick Jacquet, le spectacle vivant apporte un changement du quotidien dans les lieux dédiés à la petite enfance et met en évidence le plaisir des tout-petits à s’y intéresser. « Pour certains parents qui découvrent la capacité de leur enfant à se poser, à se concentrer, c’est un miracle ». Pour elle, le rapport de Sophie Marinopoulos a largement ouvert les esprits, surtout au niveau des élus. « Le service Petite Enfance achète les spectacles, les structures s’organisent pour se déplacer, surtout dans les milieux ruraux où se créent des petites scènes qui permettent aux familles d’avoir accès à une culture de proximité ». 

Aurélia Roger est responsable d’une médiathèque à Bétheny, dans l’agglomération de Reims. Elle y programme des spectacles et des contes pour les tout-petits : « Le spectacle vivant est complémentaire à la lecture et au développement de l’imaginaire. Il permet un autre regard, il donne une profondeur nouvelle aux textes, à l’expression et aux émotions, avec ou sans paroles ». Pour accueillir des spectacles, la médiathèque s’est équipée d’étagères à roulettes ce qui rend le lieu complètement modulable. Cependant de vraies contraintes techniques entrent en ligne de compte dans le choix des spectacles : « ma présence ici me permet de découvrir l’installation, l’utilisation de l’espace scénique mais aussi, les réactions du public » explique Aurélia Roger. 

 

UN AUTRE REGARD

 

Pascale Davy est programmatrice jeune public de l’Espace Malraux de Joué les Tours, actuellement fermé comme l’ensemble des salles de spectacle vivant. Cependant le festival Circuit Biscuit et ses 8 spectacles seront maintenus (on l’espère encore à ce jour) du 16 au 31 mars dans des lieux non dédiés qui peuvent accueillir du public. « Je suis une fidèle de Gennevilliers. Je viens à chaque édition pour la diversité des propositions, les échanges avec les compagnies et les professionnels présents mais aussi pour les représentations en crèche ou dans les écoles. Cette année j’ai sauté sur l’occasion et j’ai ressenti la joie d’être là. Une manière de s’évader de l’entre-soi contraint du contexte actuel ». 

Martine Galvin-Salmon est éducatrice de jeunes enfants depuis plus de trente ans à la crèche Potamia de Gennevilliers, qui accueille depuis longtemps des spectacles pour les petits. Elle témoigne du changement progressif qui s’est opéré au sein du personnel, passé de « consommateur » de spectacles vivants, choisis par le Service Spectacles/Jeune Public de Gennevilliers, à acteur de la venue d’un évènement artistique au sein de l’établissement. Cette évolution a permis aux professionnels de réfléchir différemment à leur métier : « On était toutes impressionnées par le monde des artistes. Les accueillir dans la structure, comme nous l’avons encore fait cette année, nous a permis d’être plus à l’aise avec ce que nous croyions être un autre monde. Notre regard a changé, sur les enfants, sur le spectacle vivant et sur nous-mêmes ». Désormais, toutes les éducatrices de la crèche trouvent le temps de venir voir au moins un ou deux des spectacles sur le temps du festival.

Toutes sont d’accord sur un point : pour choisir, rien ne remplace l’expérience de spectateur, surtout en présence du très jeune public. Le maître mot de leur relation au spectacle est l’émotion : « Ce qui m’importe dans le choix », explique Aurélia Roger, « c’est d’être touchée, de ressentir une certaine émotion, de percevoir une intention travaillée tout au long du spectacle ». 

Pour elles, ces spectacles sont aussi importants pour l’éducation des adultes, parents ou professionnels de la petite enfance : « comme pour le livre, ils sont une formidable occasion de découvrir avec eux que l’enfant, très tôt, dispose de l’attention et de la curiosité nécessaires pour accueillir des formes de culture adaptées. Tous et toutes sont légitimes dans les salles de spectacles », conclut Aurélia Roger.

La création prochaine d’un pôle médiation à Gennevilliers ne viendra que renforcer cette légitimité.

Dominique Boutel

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Territoires d’éveil n°20

Publication : Mar 2021
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