Former les animatrices de relais, c’est engager un large dispositif de sensibilisation des assistantes maternelles. Pour lire avec plaisir au tout-petit.
À l’invitation de la CAF du Loiret, Marie Frapsauce a réalisé un programme de formation ayant pour thème les livres et les tout-petits. Ce travail a été suivi par Elisabeth Legraux, conseillère technique enfance jeunesse de la CAF qui coordonne les RAM du département.
Tout a commencé par une conférence inscrite dans le territoire de la communauté de communes du val de Mauves, suivie d’une journée de formation débutant par un temps de retour d’expériences et se poursuivant sous forme d’ateliers. Ces actions ont été envisagées à destination des animatrices de réseau et des assistantes maternelles. L’observation et le repérage sur le terrain ont sensiblement modifié les pratiques : « au lieu de présenter le livre, je le laisse posé au sol et j’observe les enfants et les adultes s’en saisir », « en prenant conscience de l’importance de ce qui est écrit, je perçois la musicalité du récit », « les animatrices qui vont régulièrement à la bibliothèque affinent leurs choix d’ouvrages »…
Au cœur de ce programme étaient pointées des questions récurrentes : quelles actions mettre en place dans les ateliers collectifs des RAM ? Comment donner l’envie d’utiliser des livres à domicile ? Quels livres choisir ? Le thème est porteur d’échanges et de transmission, il donne à réfléchir sur la place essentielle des livres et des histoires dans le développement général de l’enfant, dans son accès au langage et au plaisir de l’écrit.
Ce programme de formation, réflexif et pratique, a permis de dégager quelques lignes de force dans l’approche de l’objet livre. « Il s’agit de déterminer la manière toute particulière dont le tout-petit s’approprie le livre, dans une approche sensorielle, des perceptions partielles ou globales, une expression par le mouvement, une mémorisation d’éléments de l’histoire. Ce qui est important, c’est le temps spécifique du tout-petit lors d’un moment de lecture. La formation permet également aux animatrices et aux assistantes maternelles d’affiner leurs critères de choix des ouvrages : imagiers, livres sans texte, albums… Choisit-on un livre pour sa forme, sa matière, le rapport du texte à l’image ? Est-on attaché au récit, au contenu symbolique… Je mets l’accent sur les conditions de lecture pour que ce moment autour des livres soit riche et sensible lors d’un accueil jeu au RAM. En suscitant la motivation des assistantes maternelles, on prépare le fait que les livres seront intégrés dans les temps d’accueil. On précise également la place du livre, objet médiateur qui relie l’adulte et le tout-petit ».
Certaines questions reviennent inlassablement : peut-on lire des histoires qui font peur ? Faut-il éviter certains livres, d’autres sont-ils indispensables ? Il est important de cerner ce qui est essentiel dans la proposition avec le livre : c’est la présence de l’adulte qui intéresse d’abord le tout-petit. L’adulte, disponible, est avec lui, à côté de lui. L’enfant dira encore pour prolonger ce temps particulier où l’on partage des émotions, pour à nouveau se délecter d’un mot, d’une phrase ou d’une sonorité. On rit, on se fâche ensemble, on fait semblant d’avoir peur… On s’amuse à dire des mots amusants ou compliqués…
Marie Frapsauce insiste sur le lien que le livre installe. « Lire avec le tout-petit c’est d’abord une relation. L’enfant goûte le temps que l’adulte lui consacre et c’est l’histoire du livre qui va faire écho à l’histoire de l’enfant. Les livres sont des outils pour traverser les peurs (« va-t’en en tapant sur le livre » !), pour se plonger dans les histoires, pour attraper une rime ou un mot nouveau. Si je prends l’exemple de Bébés Chouettes, l’enfant revit la séparation d’avec la mère qui est partie le matin. Il expérimente ce temps de l’attente et avec le encore elle se fait moins longue, l’enfant peu à peu sait que le plaisir des retrouvailles reviendra. Retourner dans l’histoire, c’est prolonger une expérience, quelle qu’elle soit. Et si l’enfant fait des cauchemars après la lecture du grand monstre vert, inutile d’accuser le livre, c’est le temps des cauchemars, l’enfant navigue entre le connu et l’inconnu…
Il y a également des livres sans enjeu, avec lesquels le très jeune enfant veut aussi entendre des formules magiques, des répétitions rassurantes ; il vérifie que l’adulte raconte bien l’histoire et le corrige s’il se trompe. Il ne faut pas reculer devant certains mots, faire de la paraphrase, l’enfant attend la bonne réplique… »
En partageant le temps de lecture, l’adulte s’installe dans une attitude, une posture d’écoute, sans attente de résultat. Lire à un enfant c’est être deux (ou avec chaque enfant du groupe) c’est un moment intime où les choses se transmettent.
• Hélène Kœmpgen
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