L’Espace Django, Strasbourg

Un projet artistique et culturel doublé d’un projet social et territorial. Le quartier Neuhof vibre au gré d’un esprit festif et bienveillant.

Depuis plusieurs années, l’espace culturel Django Reinhardt intervient dans les lieux de la petite enfance. « Une façon pour nous, salle de concert, de nous connecter différemment à ce public dont le parcours de spectateur commence dès le plus jeune âge. Les projets sont co-construits avec les structures d’accueil ce qui leur permet de maîtriser ensuite d’autres aspérités de réalisation selon les actions menées ». Mourad Mabrouki, co-directeur en charge de l’action culturelle confirme la teneur du projet global, impulsé par des « valeurs d’engagement et de convivialité pour aller au-devant des gens. Le projet artistique et culturel du lieu est doublé d’un projet social et territorial ».

Créé en 2010 dans le quartier Neuhof de Strasbourg qui compte 22 000 habitants, l’Espace Django dédié à la diffusion des musiques actuelles a inscrit depuis huit ans l’action culturelle au nombre de ses projets. Il n’est donc pas surprenant de découvrir des artistes en concert telle Leela James, chanteuse de musique soul, Le roi et l’oiseau en CinéDjango à partir de 6 ans et un spectacle dans la « Tournée des crèches ». 

UN PROJET POUR LES HABITANTS

« L’esprit Django dépasse le socle de la diffusion pour intégrer aussi la création, la structuration des projets, l’action culturelle formant ainsi une permanence artistique de territoire ». L’Espace Django se compose en plus de la salle de concert, d’une médiathèque et d’une école de musique. Cette plateforme culturelle n’était pas directement liée dès sa création à l’enfance. « En découvrant le territoire, nous avons écumé le quartier et la nécessité d’intervenir auprès de ce public est devenue une évidence. Nous nous sommes calqués sur la réalité, nous avons développé et adapté de nouveaux projets en fonction de cette réalité » précise Mourad Mabrouki qui est engagé sans réserve dans la vie du Neuhof et la programmation culturelle du Django. « J’avais ce métier dans mon ADN… ». 

« Quand un artiste intervient dans une cour de récréation, la vie se fait… L’habitude s’installe et devient un désir, une vraie relation se noue ». Maternelles, écoles élémentaires, collèges et 7 lieux d’accueil de la petite enfance de proximité sont ainsi entrés peu à peu dans la ronde de l’éveil. Les artistes font partie de la vie du quartier désormais.

UN ÉQUILIBRE À CONSTRUIRE

L’action culturelle représente 50% de l’activité de l’Espace Django : Espaces Tiers, artistes associés, pratique et transmission… les projets foisonnent. 

« Il était nécessaire de travailler la relation artiste/lieu d’accueil » remarque Mourad Mabrouki. « Avant tout parcours d’artiste, il est important de creuser l’interconnaissance, de partager avec les professionnels des lieux de vie, sans heurter un code de pudeur parfois… C’est un équilibre à construire patiemment, en restant attentif au sens de l’engagement dans des espaces de toutes tailles et de toutes formes. Nous avions le souhait de toucher les espaces où vivent les enfants et leurs parents et de bien maîtriser la qualité de la proposition artistique tout comme celle de la personne qui la porte. L’Alsace regorge de talents et d’engagements forts ! ».

Les actions petite enfance s’inscrivent dans Les Impromptus, séries d’actions construites par l’Espace Django : crèches, lieux d’accueil enfants-parents, Maison de la petite enfance, pouponnière – « et c’est une plus-value d’âme d’intervenir là » –, bousculent les artistes. 

Emmanuelle Zanfonato, comédienne intervient dès 2017 dans divers lieux de la petite enfance du Neuhof. Avec Suivre le fil puis À l’eau, elle renouvelle les performances sonores et musicales interactives. Cache-caché est une expérience de spectacle à la Maison de l’enfance. « Avec Baptiste Marlard, musicien, nous voulions nous approprier toute cette énergie qui arrive du public et n’est jamais la même. Baptiste fabrique des instruments, le mouvement induit par l’objet sonore donne à imaginer, à rêver. J’aime y mélanger des mots, sans forcément de récit et explorer la relation geste/son ».

Surprendre les enfants, élaborer avec les équipes, toutes les propositions tendent vers un rapprochement de la matière artistique pour l’inscrire dans la vie quotidienne. 

« Sortir de chez soi, aller vers les gens, investir toutes sortes de lieux, familiers ou insolites » c’est le pari des Espaces Tiers. Des raids urbains se déploient dans les marchés. Des concerts aux fenêtres, c’est-à-dire au pied des immeubles, invitent les habitants à devenir spectateurs. Il n’est donc pas surprenant que les lieux de vie du tout-petit soient au programme d’un projet qui revendique « de l’art, du lien, du sens ».

• HK