Le point de vue d’un conseiller technique de la Caf de Charente-Maritime (17)

Emmanuel Durand est conseiller technique en action sociale à la Caisse d’allocations familiales (Caf) de Charente-Maritime (17). Il s’occupe de l’un des quatre territoires de la Caf sur ce département, celui de Marennes-Oléron, qui se trouve être également l’un des neuf pays du département. Emmanuel Durand a accepté de répondre à nos questions pour mieux éclairer le contexte de travail des assistantes maternelles du pays Marennes-Oléron.

Quels sont les modes d’accueil en Charente-Maritime ?

Les établissements et services d’accueil collectif sont au nombre de 57 en Charente-Maritime. La couverture n’est pas la même entre le nord et le sud du département puisque 50 % de ce dernier est couvert par seulement deux crèches ! Sur l’île d’Oléron, la couverture est satisfaisante avec cinq crèches, ce qui représentent 88 places, et de nombreuses assistantes maternelles indépendantes. Les collectivités locales du littoral ont plus de ressources (tourisme) et donc plus de moyens financiers que celles de l’intérieur des terres. Aucune crèche familiale n’est proposée aux parents en Charente-Maritime mais il existe des relais assistantes maternelles (Ram) depuis peu et plusieurs associations d’assistantes maternelles. Ces professionnelles de la petite enfance qui travaillent de manière isolée ont souhaité se regrouper en associations car cela leur permet d’avoir un local et du matériel de jeu pour les enfants. L’association 1.2.3. ÉVEIL est de loin la plus dynamique !

En quoi cette association 1.2.3. ÉVEIL retient-elle votre attention ?

Compte tenu de ses nombreux axes de travail, son fonctionnement évoque plutôt celui d’une crèche familiale que celui d’une association de professionnelles. Elle propose non seulement des possibilités de rencontres collectives pour les enfants et les assistantes maternelles, comme les autres associations, mais également des temps de formation pour les assistantes maternelles, une ouverture et un échange avec les parents. Par ailleurs, elle constitue un support pour des projets dont bénéficient toutes les structures collectives de l’île d’Oléron. Je pense notamment au projet “Pour que dansent les bébés” qui s’est prolongé avec “Songes de bébés danseurs”. Ces nombreux projets et activités valent à cette association reconnaissance et considération de l’ensemble des partenaires institutionnels du territoire. Il s’agit de la seule association d’assistantes maternelles qui sollicite notre Caf pour des actions culturelles et artistiques.

En quoi consiste le soutien de la Caf pour un projet tel que “Songes de bébés danseurs” ?

La Caf de Charente-Maritime a soutenu pendant plusieurs années, sur ses fonds propres, les demandes de formation de l’association 1.2.3. ÉVEIL ; ces financements de projets étant, par définition, limités dans le temps (trois ans au maximum pour le même projet), elle apporte sa contribution aujourd’hui à de nouveaux projets comme celui avec la danseuse Carole Gouteux. 

Il n’est pas toujours facile d’obtenir le financement de ce type d’actions artistiques, surtout actuellement avec les contraintes budgétaires, mais deux raisons ont emporté l’accord des administrateurs. D’une part, leur sensibilité à ce type d’action innovante dans laquelle les bébés sont considérés comme des personnes, qui reconnaît l’importance de ce qui passe par le corps pour le tout-petit et de ses expériences motrices qui l’aident dans sa rencontre avec le monde.

D’autre part, la destination de ce projet qui concerne tous les jeunes enfants de l’île, à la fois ceux accueillis dans les structures collectives, ceux accueillis chez une assistante maternelle et, enfin, ceux qui viennent dans les structures d’accueil parents-enfants. Il est très bien construit et a été présenté avec des témoignages de parents, de professionnels, des photos et des vidéos du travail effectué précédemment ; la danseuse est une personne très authentique dans ses relations avec les enfants comme avec les professionnelles.

Vous avez évoqué le fait que des Ram sont en création. Qu’en est-il sur l’île d’Oléron ?

Jusqu’à présent, il n’existe pas de Ram car le nombre d’assistantes maternelles sur l’île n’est pas suffisant. En moyenne un Ram regroupe 70 ou
80 assistantes maternelles. Il faudrait donc un Ram pour l’ensemble du territoire de Marennes-Oléron ; cela suppose que les deux communautés de communes (Marennes et Oléron) manifestent un intérêt pour cette “compétence” et que les syndicats des cantons Nord et Sud s’entendent pour laisser cette compétence aux communautés de communes. Cette question est actuellement à l’étude, la communauté de communes d’Oléron travaille sur la définition d’une politique éducative pour l’enfant dans la totalité de son parcours, de la naissance à l’adolescence. La création d’un Ram ferait alors partie de cette politique. L’association 1.2.3. ÉVEIL a été auditionnée dans ce cadre et pourrait postuler pour animer le Ram mais il est trop tôt pour en parler. Par ailleurs, il n’est pas certain que cela soit souhaitable pour l’association, c’est à ses membres d’en décider ! ν