Le Pôle ressource spectacle vivant très jeune public en Seine-Saint-Denis et au-delà… renforce sans cesse son ancrage. Rencontre avec sa directrice qui anime une équipe de terrain investie dans le département.
Après avoir découvert les enjeux de territoire au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis où elle gérait les Relations avec le public (le jeune public en particulier), Laure Le Goff a repris depuis un an la direction de l’association Un neuf trois Soleil ! Elle y a approché le département de Seine-Saint-Denis, très peuplé, très jeune, riche en diversité, en possibilités, en envies, en désirs d’agir, en initiatives culturelles et citoyennes. À présent, elle mutualise ses acquis au sein d’une association qui œuvre pour porter la culture auprès des tout-petits, sous toutes les formes. Elle nous reçoit dans le lieu qu’a investi l’association depuis 2019, Le Pavillon de Romainville, belle réhabilitation architecturale qui permet un développement de ses activités.
Dominique Boutel : Qu’est-ce qu’Un neuf trois Soleil ! aujourd’hui ?
Laure Le Goff : Au départ, en 2008, l’histoire était collective. C’était essentiellement une volonté de créer un festival dans le 93 à destination du jeune public. Depuis, de nouvelles missions de l’association se sont développées au-delà du festival. Très tôt est apparue la question de la formation des professionnels de la petite enfance, en particulier des crèches municipales, à la demande du département de Seine-Saint-Denis. S’y sont ajoutés depuis 2015 des parcours d’ateliers, la coordination du réseau Courte Échelle, réseau de co-production de l’Île-de-France, souvent des villes, des partenaires intéressés à valoriser et accompagner la création très jeune public. Nous sommes à l’origine de la création du Collectif Puzzle, qui réunit 27 artistes et compagnies franciliennes, un vivier d’artistes avec lesquels nous travaillons dans tous les domaines. À signaler également un site internet très actif ou encore des résidences. Nous travaillons depuis le début en lien avec la compagnie Les Demains qui Chantent, fondée par Vincent Vergone… Aujourd’hui, nous sommes un pôle ressource spectacle vivant très jeune public (de la naissance à 4 ans) dans des formes pluridisciplinaires, au centre d’un collectif constitué d’artistes, d’institutionnels, de professionnels qui œuvrent ensemble dans ce domaine très spécifique.
D.B. : Comment traitez-vous la question de l’espace ?
L.le G. : Nous avons investi tous les espaces du quotidien de l’enfant où se joue le lien parent-enfant, qui peut parfois être très fragilisant, angoissant mais aussi structurant : les crèches, les salles d’attente de PMI, les structures sociales, les maternités. Nous y favorisons l’arrivée de l’art et de la culture dans ces espaces qui ne sont pas conçus pour cette rencontre, professionnellement et architecturalement, ce qui oblige à penser des formes complètement modulables. Des formes très abouties, très exigeantes, comme très simples, peuvent naître dans les lieux à la lumière du jour, des dessins d’enfants au mur, où l’enfant peut être aux côtés de l’artiste et non face à lui… Le festival que nous proposons a aussi un rapport très fort à la nature car il se déroule beaucoup en extérieur, dans l’espace public, les parcs départementaux et pose notamment la question de la place accordée aux enfants dans ces espaces-là.
D.B. : Qu’est-ce qui vous a conduit à cette direction ?
L.le G. : J’ai une connaissance et un intérêt personnel pour ce territoire, une envie de consolider les réseaux et les partenariats, et de trouver de nouveaux ponts pour être plus visibles et mettre encore plus en valeur ce projet : par exemple, travailler avec les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, collaborer avec Les Demains qui Chantent dans la continuité de la recherche, de la réflexion sur le rapport nature/culture. La question du jeune public est à mon sens éminemment politique, dans la mesure où elle mobilise la question de la parentalité, de la lutte contre la pauvreté, de l’éveil culturel avec la question ancienne mais toujours d’actualité : comment donne-t-on la même chance à tous les enfants ? Comment construit-on un territoire solidaire ?… La Seine-Saint-Denis est un territoire passionnant à ce niveau-là : le monde entier vit dans ce département ! Il faut une place pour la parole et le corps de chacun.
D.B. : Et l’avenir ?
L.le G. : Les choses ont beaucoup évolué. À l’endroit où nous nous situons maintenant nous pouvons engager un dialogue fort avec le ministère de la Culture, les institutions, pour augmenter nos moyens. La petite enfance commence à s’avancer sur le devant de la scène. Travailler avec les bébés c’est construire le monde de demain. En écho à cela, le pôle ressource Un neuf trois Soleil ! est en préfiguration pour devenir scène conventionnée art enfance et jeunesse ; nous serions la première au niveau national avec cet angle très jeune public. Ce serait une reconnaissance du ministère, de l’engagement singulier de l’association, non seulement au niveau du département mais plus largement du pays.
• Propos recueillis par Dominique Boutel
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