La Farandole

Pour rompre l’isolement et se donner les moyens de partager des activités, des assistantes maternelles animent leur association. 

L’association la Farandole existe depuis plus de dix ans. Elle regroupe vingt trois assistantes maternelles qui accueillent au total une soixantaine d’enfants. Une volonté commune anime ces professionnelles de la petite enfance : rompre l’isolement. Pour enrichir le quotidien La Farandole organise donc des activités variées: des sorties poneys, une visite à la ferme pédagogique, des sorties au zoo, des séances dans la piscine à balles… L’éveil musical fait partie des propositions.

« Les enfants peuvent ainsi vivre des moments en collectivité. C’est un bon moyen pour eux de faire leurs premières expériences de socialisation. Ils progressent davantage et sans doute ont une moindre appréhension de l’école. »

Ce partage d’activités, bénéfique pour les tout-petits l’est tout autant pour les assistantes maternelles. Elles insistent sur leur motivation décuplée grâce aux activités partagées. Au-delà, elles se rencontrent, sans les enfants, pour échanger sur leur métier. Ces réunions permettent de mettre en commun des questionnements, des réussites ou des interrogations. Elles insistent sur la légitimité d’une telle démarche : « Nous parlons de nos enfants. Lorsque nous rencontrons un problème nous pouvons le partager. Et puis, sans cette association, nous n’aurions pas pensé à sortir, à aller dans des structures pour vivre des activités avec les petits. C’est vraiment très motivant. Et nous gardons le contact en permanence ! »

La Farandole permet une démarche à double dimension : les assistantes maternelles enrichissent leurs pratiques artistiques personnelles et réfléchissent ensemble à leur métier.

Atelier d’éveil musical

Marie Sophie Denis Richard anime un atelier d’éveil pour les tout-petits accompagnés de leurs assistantes maternelles. Des instruments sont éparpillés sur le tapis de sol. Les adultes chantent, certains petits explorent leur environnement, d’autres sont nichés contre leur nounou qui fredonne. Un enfant, concentré sur un hochet musical en examine toutes les facettes, le secoue, rit, recommence. Une grande douceur se dégage de la séance. Marie Sophie, attentive à chaque geste, joue de l’accordéon, avec discrétion. Cannelle écoute beaucoup, Romain montre ce qu’il veut, les adultes observent et sont totalement disponibles aux enfants. 

Marie Sophie Denis Richard précise : « Les assistantes maternelles disposent de peu d’indicateurs, ce n’est qu’en observant les enfants à l’atelier que nous pouvons ensuite échanger sur tel ou tel comportement. Nous essayons d’avoir toujours un petit temps d’échanges, immédiatement après la séance. Cela nous permet de préciser les progrès d’un enfant, les réticences d’un autre. C’est en fait une conscience du regard qui s’affine. »

L’atelier musical se déroule dans une grande fluidité et dans le respect des comportements des tout-petits. C’est un espace de liberté, fertile en découvertes. Les séances se déroulent à La Luciole, lieu d’accueil enfants/ parents.

« Moi j’ai besoin de l’atelier, souligne une assistante maternelle. Les séances permettent d’éveiller les enfants mais je peux continuer à la maison. Ici, ils sont dans l’écoute, ensuite quand on chante à la maison il reprend avec moi. » Une autre poursuit : « J’ai un panier avec des instruments, nous jouons souvent, je n’y aurais jamais pensé sans cet atelier. Cela me permet de diversifier les propositions de jeu. L’autre jour, le petit a pris deux boites en plastique à la maison pour en faire des cymbales… ! »

Les assistantes maternelles sont prolixes. Chacune évoque un exemple, un souvenir marquant, avec le même enthousiasme. Dans leurs propos revient régulièrement le souci de légitimité, d’implication dans l’accompagnement du tout-petit. Elles évoquent la première séance d’éveil où « pas un ne bougeait ! » et mesurent le chemin parcouru depuis. Venir à La Luciole c’est bénéficier d’un équipement qui offre des possibilités que l’on n’a pas à la maison : la malle à jeux, les grandes salles d’activité, les ateliers, les moments partagés. « Au début, je suis venue pour apprendre des chansons car mon répertoire était un peu restreint ! Je voulais évoluer, enrichir mes propositions d’activités. Maintenant je me rends compte de tout ce que j’ai découvert. J’offre plus aux enfants que je garde que je n’ai pu offrir aux miens… »

La mémoire des ateliers

La régularité des ateliers et la confiance mutuelle entre les assistantes maternelles et la musicienne ont permis de dépasser le cadre des séances d’éveil musical ; chaque année, un CD de comptines est enregistré et offert aux parents. « Les parents sont ravis, c’est quelque chose de sublimé ! » Cette assistante maternelle voit là un prolongement des activités et un lien supplémentaire avec les familles.
Marie Sophie Denis Richard a su faire une proposition valorisante qui allait au-delà du temps de partage avec les professionnelles et les enfants. Cette mémoire du travail réalisé est un objet concret qui permet aux familles de mesurer l’implication et la qualité relationnelle des assistantes maternelles mais aussi d’imaginer ce que vit leur petit en leur absence. Et comme le groupe est particulièrement dynamique, l’idée est née, pour celles qui le souhaitent, de rejoindre l’atelier pour les adultes et d’investir la fête de la musique afin de présenter en public le répertoire. Cette troisième étape met en jeu les professionnelles non plus en tant que référentes des enfants mais en tant qu’adultes partageant une pratique ludique et créative. Une bourse d’échanges de chansons a également été créée, chacune apporte des idées, le répertoire est travaillé avec la musicienne. « On travaille des chansons que l’on met en spectacle, pour les enfants et leurs familles. Ce concert, ouvert à tous, accueille de plus en plus de monde ! »

Certaines ont fait le choix de s’en tenir aux ateliers, d’en exploiter les contenus dans leur quotidien avec les enfants. Le discours souligne leur besoin de légitimité, dans un travail parfois sous estimé. Les assistantes maternelles de la Farandole veulent dépasser les dimensions sanitaires et occupationnelles de leur métier. L’éveil musical leur apporte des idées, des temps de rencontre, une curiosité permanente dont les premiers bénéficiaires sont les enfants. La qualité du lien devient indéniable. ν  H.K.