Guy Prunier, conteur

Une voix paisible, des pointes d’humour au détour des phrases, des confidences en retenue, la rencontre avec Guy Prunier est déjà une histoire…

Rien ne sert de courir

Il faut partir… Attends

Attends encore un peu

Prolongeons le présent !*

« Mes études ? Une semaine de Lettres Modernes, trois mois à l’université, en histoire. Il me fallait construire un chemin. J’ai travaillé en bibliothèque, déjà les premiers spectacles de chansons et de poésies, en collège. Deux ou trois ans comme comptable.

Conteur professionnel ? Cela remonte aux années 80, 1985 exactement. J’avais découvert le conte quand j’étais en bibliothèque, avec l’heure du conte, le mercredi. J’en ai lu puis je les ai écrits. »

On est toujours le même

On est toujours changeant

Fait de corps, d’esprit et de temps

L’adulte ne trahit pas l’enfant

Qu’il fut

Il le surprend

Et le salue

 « Il est important d’arrêter le temps pour faire des choses inutiles… Quand j’ai commencé, je n’avais pas de modèle, pas de voie tracée. J’aime le conte car c’est une forme ouverte aux autodidactes. Il y a maintenant des cursus, des stages mais le chemin est solitaire, avec des temps de repli pour le travail et des rencontres bienveillantes. J’ai besoin de ces temps pour inventer là où j’ai envie d’aller. J’ai besoin d’avoir le sentiment de me fixer des contraintes pour fixer mon chemin. J’ai toujours plusieurs choses en chantier qui mijotent, après j’accélère la cuisson, ou pas, selon les échéances. »

Alors je mime avec les mains

Avec la tête, je mimique

Je fais des sauts

Avec les mots

Des entrechats linguistiques

« Je garde un fond de choses qui ne servent à rien, des tas d’objets, d’instruments, des bouts de thème qui traînent dans ma tête… J’écris des contes pour enfants qui sont aussi pour les adultes éveillés et des contes pour adultes qui connaissent les règles. Le récit rassure mais on peut aussi grappiller des mots, brouiller les pistes. Dans un monde très virtuel, il ne faut pas oublier d’inventer. Manipuler les mots, c’est un plaisir sans cesse renouvelé. Les enfants se régalent même avec des mots qu’ils ne comprennent pas. Le jeu prend le relais et soutient le sens. Quand la parole est l’outil d’un métier, on peut sans cesse en explorer toutes les possibilités. Le conteur est porteur et créateur d’images, d’idées nouvelles, il fait appel à l’imagination. Il se positionne dans un bon voisinage et joue à s’amuser. Après un spectacle j’aime pouvoir me dire, on a bien joué ensemble… »

De sa poche,

il sortit une poignée

d’étoiles qu’il jeta au ciel.

•Propos recueillis par Hélène Kœmpgen