Floriane Berdah-Palazon, responsable du jeune public et des projets pédagogiques

Enthousiasme, sincérité, créativité ! Deux lieux de patrimoine à Cagnes-sur-Mer, animés par la passion de l’échange où les familles sont vraiment les bienvenues.

Floriane Berdah-Palazon est responsable du jeune public et des ateliers pédagogiques à Cagnes-sur-Mer, au sein de deux institutions prestigieuses : le musée Renoir et le Château-musée Grimaldi. Quel lien entre la petite enfance, la maison-musée du peintre et la demeure seigneuriale ? Sans aucun doute la volonté globale de ces deux lieux de patrimoine de compter les tout-petits parmi son public. Les deux conservateurs ont donné leur confiance à ce projet qui ne cesse d’évoluer.

Territoires d’éveil : Quel chemin professionnel avez-vous parcouru ?

Floriane Berdah-Palazon : Le « Master Arts, Médiation culturelle des arts » à Marseille m’a permis d’approfondir la typologie des publics. Il s’agissait de ne pas seulement valoriser les collections mais de permettre aux visiteurs de les découvrir « au cœur du lieu » et de concevoir comment leur parler. Des collaborations avec l’association ACELEM¹ m’ont également fait réfléchir aux publics éloignés. J’ai intégré le musée Chagall de Nice. Très fière d’être guide conférencière dans ce magnifique musée très fréquenté mais je me suis sentie à l’étroit en enchaînant plusieurs visites journalières qui laissaient peu de place à la créativité. Je suis alors arrivée au musée Renoir pour une mission de récolement². À mon arrivée en 2015, une dizaine de classes venaient chaque année visiter le musée. Le poste consacré au jeune public et aux ateliers pédagogiques a été créé et professionnalisé depuis, j’avais envie de construire un tiers lieu où l’on préserve les œuvres mais en s’adaptant à un nouveau public, ce qui est essentiel dans la construction des futurs citoyens : on conserve, on explore, on expérimente.

TE : Comment s’est déroulée la rencontre avec la petite enfance ?

FB-P : J’ai été contactée par la directrice de la crèche municipale des Orangers, pour une visite famille au musée Renoir. D’habitude les gens m’écoutent… Là je me suis retrouvée seule avec mon monologue, je n’étais pas préparée. Les enfants voulaient toucher les œuvres, n’écoutaient rien, les parents couraient partout pour les canaliser, l’équipe d’accueil était démunie… Ce fut une belle leçon d’humilité que nous avons ensuite partagée avec les agents d’accueil en nous posant collectivement la question : comment faire ? En fait, je n’avais pas appris à écouter et je suis reconnaissante de cet échec qui m’a ouvert bien d’autres perspectives…

Je suis donc allée en crèche observer une résidence d’artistes, nous avons travaillé avec l’équipe d’accueil afin d’affiner le rôle de chacun pour aboutir à une forme travaillée qui permette à tous d’avoir son espace au cœur vivant du musée. Je crois également que ma maternité a été un grand moment de « bascule » dans la compréhension des attentes du public. 

TE : Quelles sont vos propositions aujourd’hui pour les professionnels, les familles et les tout-petits ? 

FB-P : Depuis quatre ans, j’ai mis en place des parcours artistiques et des visites contées. Grâce au partenariat avec les crèches, nous pouvons réaliser des ateliers sur site et dans les lieux d’accueil. J’ai pour ambition de garder sans cesse le plaisir de l’échange et de tenter de me réinventer, en explorant le merveilleux jardin de Renoir par exemple, avec ses sons, ses couleurs, ses odeurs chaudes. Bientôt nous proposerons des « boîtes » pour les visiteurs individuels, sur le modèle des tapis de conte car il est important de rendre le visiteur autonome dans sa découverte. Je souhaite aussi développer les propositions au Château-musée Grimaldi mais je suis seule sur le poste et la demande ne cesse de croître…

Nous cultivons un partenariat avec la Maison des 1000 premiers jours. En réponse à la demande de certaines crèches, je forme des équipes sur le thème « apprendre à créer un projet culturel ». Après avoir accueilli une famille qui venait avec la petite sœur, un bébé de quelques mois, j’ai observé son attention. Elle ne me quittait pas des yeux… Alors j’ai modifié les âges : nous annonçons désormais une activité jusqu’à quatre ans et tant mieux si la famille vient au complet !

• Propos recueillis par Hélène Kœmpgen