Des livres et des bébés

Le département de l’Aveyron s’implique depuis plus de dix ans dans des actions de proximité qui favorisent la rencontre avec le livre et la lecture. La médiathèque départementale est le relais d’une politique associant tous les acteurs du territoire.

Si la nécessité d’exposer les très jeunes enfants à la culture est maintenant entrée dans l’esprit de la plupart des professionnels de la petite enfance, la mise en place efficace d’un dispositif ne fonctionne que grâce à une implication au niveau territorial. 

C’est le cas dans l’Aveyron, où le projet Des livres et des bébés, dispositif de la médiathèque départementale, fait appel à toutes les ressources humaines qui gravitent autour du livre. Le pari de mettre en réseau de nombreux lieux d’accueil avec les bibliothèques fonctionne depuis plusieurs années, permettant ainsi la découverte par les tout-petits et leurs familles d’albums de qualité, écrits pour eux, par des auteurs qui interagissent avec des illustrateurs.

UN PARTENARIAT DANS LA DURÉE 

Le projet est porté par le département, en la personne de son président, Arnaud Viala, pour qui la lecture dès le plus jeune âge est aussi vitale que la nourriture ou la santé : « Notre politique culturelle doit s’adresser à tous, donc on s’intéresse à chaque âge. Dès 2010, le département a ainsi créé un dispositif d’action culturelle en associant des professionnels de tous les horizons avec les act eurs du territoire, bibliothèques, crèches, PMI… » explique-t-il dans un documentaire² qui témoigne de la réussite du projet.  La médiathèque départementale est au cœur du processus : que l’initiative en revienne aux professionnels de la petite enfance ou à ceux des bibliothèques, un accompagnement de trois ans est mis en place dès qu’ils en font la demande. C’est le cas pour les bibliothèques de la Communauté de communes de Camarès. Pour Marie-Paule Condamine, bibliothécaire de cette collectivité, ce fut une expérience nouvelle : « Je n’avais jamais expérimenté cette lecture adressée aux tout-petits et c’était la découverte de tout un univers que celui des albums. Malgré une légère appréhension, l’encadrement nous a permis d’aborder ce secteur plus facilement et les réactions de plaisir des enfants nous portent ».

Ateliers comptines ou jeux de doigts, conseils d’aménagement des locaux, prêt d’albums, résidences d’artistes, échanges avec comédiens et conteurs, complètent la journée de formation et de réflexion qui rassemble les acteurs du projet une fois par an : la journée Premières pages²  où se rencontrent personnel de proximité, artistes, chercheurs, formateurs, signe une grande richesse de collaboration. 

DIALOGUE AVEC LES FAMILLES 

La médiathèque a initié également à Camarès la résidence d’une autrice-illustratrice, Anne Crozat qui a imaginé un matériel modulable autour de ses dessins permettant de prolonger les lectures. Elle s’est installée une semaine dans le secteur et a également travaillé avec les intervenants dans des ateliers de sensibilisation : « C’était merveilleux, des moments très agréables » rapporte Marie-Paule Condamine qui se réjouit d’accueillir des familles qui ne fréquentaient pas la bibliothèque auparavant : « Ce dispositif aide également à renforcer le dialogue avec celles qui poussent plus volontiers la porte de la bibliothèque », comme elle en témoigne avec émotion. « Grâce à ces initiatives et à cette politique, les enfants s’approprient le lieu, viennent ici comme chez eux. Ils vont grandir, depuis leur tendre enfance, au milieu des livres ». 

• Dominique Boutel