Bertrand Maon, chanteur lyrique

Bertrand Maon, alors chanteur à l’opéra de Nancy, est sollicité par un cadre infirmier qui cherchait un artiste intervenant. Toujours curieux de ce qui existe ailleurs, le chanteur voit dans cette demande une manière de croiser aspirations artistiques et sociales car pour lui, le métier d’artiste ne s’exerce pas uniquement sur scène. « Je suis resté trois ans à Nancy de 87 à 90, et cette proposition m’a permis de conjuguer mon métier de chanteur et mes compétences d’éducateur ». Musique, chant et santé vont désormais constamment cohabiter dans la carrière de Bertrand Maon qui entame alors une formation longue durée « Éveil Culturel et Artistique du jeune enfant » avec Enfance et Musique¹.

UN PARCOURS TISSÉ DE RENCONTRES

« Lorsque j’ai quitté Nancy pour Toulouse, j’ai voulu poursuivre l’expérience en lieu de soins. J’ai contacté le CHU Purpan où venait d’être nommé le premier délégué Culture/Santé, Éric Fabre-Maigner. Un ensemble de formations artistiques dispensées au sein de l’hôpital pour enfants nous a permis d’entreprendre un long parcours de deux ans dans lequel se sont impliqués une quarantaine de soignants ». L’expérience s’avère forte et donne le jour à un collectif de soignants dont Bertrand Maon reste un partenaire privilégié. Les premières rencontres commencent en 1996, les prémices de l’association Grand Air et P’tits Bonheurs² sont posés. Lors de cette période riche d’échanges, l’artiste est reconnu dans sa spécificité. « L’association existe depuis maintenant douze ans. Je poursuis mon métier de chanteur lyrique et je collabore avec des ensembles vocaux. Parallèlement, j’ai approfondi la collaboration avec les soignants, en développant une mission spectacle dans l’association. Chaque création s’installe en milieu hospitalier mais aussi dans les villages, au cœur des cités, dans les centres sociaux, les crèches, les haltes garderies… C’est véritablement une troupe qui s’est constituée, composée de soignants-chanteurs réalisant des contes musicaux pour les enfants et leurs familles. Depuis 2009, nous intervenons également auprès des personnes âgées. Avec le soutien de la CAF 31, nous assurons des formations pour les personnels des structures petite enfance. J’interviens toujours avec les soignants, je ne veux jamais intervenir seul, c’est une véritable dynamique d’action artistes/soignants ».

PRENDRE LE TEMPS DE PRÉPARER UN PROJET

Grand Air et P’tits Bonheurs propose une création tous les deux ans, résultat d’une implication forte de la troupe qui se traduit par des week-ends et des réunions mensuelles de concertation, et même une semaine de congés prise par des soignantes, réservée à la tournée… « La clé de la réussite d’un projet Culture/Santé réside dans le temps que l’on met à le préparer » précise Bertrand Maon. « Il nous faut parfois un an avant de démarrer une action; c’est le temps de maturation nécessaire qui permet d’accorder deux mondes et de construire dans la créativité d’un espace commun. » 

Bertrand Maon a aussi d’autres projets en tête, il s’investit dans l’Ensemble Thalia, nouvelle aventure musicale qui le passionne. Il évoque avec enthousiasme l’Ensemble Thalia (4 voix, 1 piano) qui veut partager avec tous les publics la musique de chambre vocale, essentiellement française et germanique, du XIX^e siècle à nos jours…

Il songe à la transmission de ses responsabilités au sein de l’association, en anticipant largement l’échéance : « J’ai trois ans d’ici août 2018 pour anticiper la pérennité de la structure Grand Air et P’tits Bonheurs. Cela nécessite un tuilage progressif. Une histoire ne doit pas s’arrêter parce qu’un élément artistique s’en va ». 

Toujours avide de découvertes et d’enrichissement de compétences, Bertrand Maon vient d’obtenir au CNAM³ son master de Manager d’organismes à vocation culturelle et sociale avec la mention très bien…

Encore de belles aventures à venir, ponctuées par le rire éclatant de l’infatigable baryton-basse !

• Propos recueillis par Hélène Kœmpgen