Nicole Fellous, sculpteure plasticienne

Apprivoiser le monde pour le raconter dans une diversité de formes, de couleurs et de matières.
Le résultat est inconnu et toujours à remettre en question. Rencontre avec une artiste en mouvement dont la création évolue en permanence.

De sa Tunisie natale qu’elle a dû quitter à l’âge de quinze ans, Nicole Fellous  a gardé la culture et un sentiment d’exil. Cette présence /absence va nourrir sa création. L’éphémère, le sensoriel, la fragilité sont des traces perceptibles dans son œuvre, avec la recherche permanente du dépassement de la nostalgie… Sculpteure plasticienne de formation, le sillon de son itinéraire artistique est jalonné de rencontres marquantes (dont celle en particulier de Lygia Clark¹, artiste brésilienne), de questions sur la place de l’artiste dans la société, et du rapport à l’objet. Sa découverte de la sensibilité des très jeunes enfants, dans le courant des années 70, a cristallisé son désir de susciter l’éveil de la créativité en chaque être humain.

Dans les années 90, Nicole Fellous, artiste nomade, a remplacé pendant cinq ans l’atelier par un vagabondage… son appareil de photo sous le bras. C’est la création des « Cheminants ». Elle revient à l’atelier pour travailler l’espace, la transparence, la fragilité. Se dégage alors une nouvelle ligne de travail : la rencontre avec le papier. « En tant que sculpteure, le papier m’interpelle pour ses qualités de souplesse, de légèreté ; il peut être coupant, bruyant ou silencieux… Jouer avec lui donne naissance à de multiples métamorphoses. »

PROPOSITIONS À VIVRE

Après un long cheminement aux côtés des professionnels de la petite enfance et auprès des très jeunes enfants, dans les lieux qui les accueillent, elle mène une recherche action d’un an réalisée en collaboration avec l’association Enfance et Musique, qui lui permet de conforter sa réflexion sur la créativité du jeune enfant. Elle répond à la proposition de la chorégraphe Véronique His² de créer avec elle un spectacle très jeune public qui met en scène la rencontre d’une danseuse avec le papier. Matériau privilégié à explorer, détourner, modeler, le papier permet de faire naître des formes et d’en jouer : cabane, montagne, nuage, chapeau, manteau, petits bouts de papier ou grande feuille, au sol ou suspendue dans l’espace… Proposées dans le cadre d’un spectacle, ces formes fragiles et éphémères touchent et interpellent la sensibilité du jeune enfant.

Ombres et empreintes, douceur ou rugosité, silence ou bruit assourdissant sont les multiples sensations que le papier peut susciter. Proposition sensorielle par excellence, il est pour la danseuse, comme pour les enfants, un véritable partenaire de jeu qui met en mouvement la sensibilité et l’imaginaire.

Au-delà de sa mise en mouvement dans l’espace avec la danseuse, le papier devient tantôt partenaire de la danseuse, tantôt élément de décor du spectacle. Il accueille le public lorsque les formes et les sculptures éphémères viennent également habiter les lieux. De cette rencontre entre la sculpteure et la chorégraphe va naître le spectacle Papiers Dansés. « Sans besoin de narration, le dialogue d’une danseuse avec le papier crée des formes abstraites, empreintes des mouvements du corps dans la matière. La forme est belle si la traversée est authentique. J’ai accompagné des interprètes de ce spectacle : rentrer dans le papier, dans la sensation au gré de la naissance des formes. Ma manière de travailler³ se fait à partir de propositions à vivre ».

• MC