Anne-Caroline Prévot, directrice de recherche au CNRS

Anne-Caroline Prévot affirme avec une conviction sereine son appartenance à la recherche publique. Ses chemins professionnels croisent parfois ceux des artistes.

Biologiste de formation, Anne-Caroline Prévot a consacré son premier projet de recherche à la biologie de la conservation. Sa démarche est ancrée sur les dynamiques de la biologie, en lien avec les activités humaines. Engagée par le CNRS en 2009, elle est aujourd’hui Directrice de recherches et chercheuse au centre d’écologie et des sciences de la conservation (CESCO) au Muséum national d’histoire naturelle et vice présidente du comité MAB-France¹ (Unesco).

Elle travaille à l’interface entre biologie et psychologie de la conservation pour comprendre les relations des humains à la nature et inventer de nouveaux futurs. « Je me suis rapprochée des sciences sociales. J’avais envie d’ouvrir mes champs de recherche. Toutes les pistes doivent être envisagées et je cherche des possibles en explorant la relation forte de chaque individu en interaction avec le vivant. Il nous faut tester et caractériser les rapports à la nature et la relation qu’entretient chaque individu avec le système vivant ». 

L’EXTINCTION DE L’EXPÉRIENCE DE NATURE

Le travail des chercheurs peut amener à envisager de nouvelles trajectoires sociales. Sans sectoriser les enjeux, la recherche prend en compte les dimensions sensibles, sensorielles des histoires de vie. « Nous envisageons l’expérience de la nature et comment cette dernière agit individuellement (donc collectivement) sur chacun. L’un de nos enjeux est de faire le lien entre la diversité biologique et la perception. Dans une situation globalement urgente, nous tentons de poser des jalons et de proposer des opportunités ». 

Anne-Caroline Prévot souligne le manque d’occasions d’expérimenter la nature : « Ne faudrait-il pas mettre plus de lieux de nature à disposition des citoyens ? Les parcs urbains de Berlin sont par exemple pensés avec des comités d’usagers et ils sont ouverts en permanence ». 

RENCONTRES AVEC LES ARTISTES

Avec pour objectif d’explorer dans quelles conditions la situation pourrait évoluer, Anne- Caroline Prévot est sensible à l’hybridation des contextes. Elle se rapproche donc parfois des artistes. Ayant déjà croisé le chemin de Vincent Vergone² et de son Jardin d’Émerveille, elle s’intéresse à une expérience de nature en salle, notamment avec Étienne Saglio et son spectacle Le bruit des loups³. « Que se passe-t-il pour le public ? Comment ce spectacle résonne-t-il chez les enfants ? J’ai un projet de recherche sur la diversité des impacts ». Virtuose de la magie, Étienne Saglio a imaginé un voyage envoutant dans une forêt de folle rêverie avec un renard conteur… En lectrice assidue de romans, elle y trouvera son compte d’imaginaire et conjuguera sans doute la pertinence d’une recherche scientifique à la richesse d’une émotion toujours intacte.

• Hélène Kœmpgen