Regarder naître la peinture

Peindre et proposer la peinture dès le plus jeune âge : Florence Hinneburg, artiste peintre et graveur ouvre des espaces de formation pour investir les matières, les supports et les situations.

« Quand on propose un atelier de création, on se met soi-même en jeu ; dans cet état de disponibilité, on accepte d’être surpris ». Florence Hinneburg, peintre graveur, brosse en quelques mots les contours d’une démarche qui met le stagiaire en dialogue avec la matière. « Un stage de formation, c’est une traversée, une sorte d’immersion où tout est surprenant, le protocole et le cadre sont précis, les propositions techniques mais surtout une intention de laisser faire et advenir pour que l’adulte (comme l’enfant) chemine dans son travail, qu’il trouve une place auprès de l’enfant dans la bienveillance et la discrétion. »

LOIN DES RECETTES, AU PLUS PRÈS DU GESTE ARTISTIQUE

Un stage de formation en arts plastiques¹ ne peut pas être une culture du résultat mais une proposition faite à l’adulte qui pourra établir un lien avec des dispositifs à installer en crèche. « L’adulte doit pouvoir s’interroger sur la pertinence des consignes et chercher un cadre dans lequel l’enfant se sente libre et puisse s’exprimer. À partir d’expérimentations individuelles avec des matériaux différents, les stagiaires se surprennent et se découvrent des capacités de créativité ». Loin des recettes, Florence Hinneburg invite à une expérimentation des matières : gouaches, fusains, colle, encre, plâtre, carton, argile, matériaux de récupération… Elle détourne les formes : « Nous réalisons tout ce qu’il ne faut pas faire habituellement ! À partir d’un dessin avec sujet imposé par exemple, on « gâche » sa peinture, on la découpe et, passé l’effet de surprise, on découvre tout autre chose dans la représentation et l’accrochage de ce que l’on a produit ! Nous investissons de nouveaux supports pour peindre (le Sopalin est une matière formidable !), nous explorons les différentes possibilités d’accrochage et de valorisation des travaux, comme les professionnelles pourront le faire avec les enfants. Un travail est terminé quand il est exposé et ainsi mis en
valeur ». Des études d’œuvres permettent d’établir un lien avec l’art contemporain et les pratiques des enfants, la visite d’un lieu culturel permet d’imaginer d’y emmener ultérieurement des enfants…

UNE SENSATION DE COHÉRENCE

Varier les dispositifs, les formats, les supports… Florence Hinneburg ouvre aux stagiaires une vaste palette de choix pour valoriser les capacités d’invention et de jeu, faire naître de nouvelles compétences. 

Lors d’une formation organisée par la Fédération Départementale des Foyers Ruraux de Saône-et-Loire (FDFR 71), les stagiaires ont expérimenté la multiplicité des situations proposées par Florence Hinneburg. « Dans cette exceptionnelle formation, nous avons profité d’un large éventail de supports et d’expression » évoque Elisabeth Guesnon, animatrice de territoire pour la fédération. « Ces quatre jours nous ont permis de vivre une vraie construction pédagogique. L’équilibre entre une philosophie de travail, oser s’exprimer graphiquement et la confrontation aux outils. Pour nous, animateurs en milieu rural au sein d’un mouvement d’éducation populaire, c’était très important ! L’artiste a su s’adapter au public et même au-delà… Sa présence auprès des enfants, signifiée dans les films que nous avons visionné ensemble, n’a fait que renforcer notre sensation de cohérence entre philosophie de travail, outils pratiques et engagement. Le domaine des arts plastiques est encore difficile à aborder en formation pour nous, faire venir des artistes formateurs déclenche une nouvelle dynamique de territoires ». 

• HK