Thierry Mansir, Pédiatre

Rencontre avec un chef de service qui n’a de cesse de travailler avec son équipe à la dimension bienveillante du soin. Le chant en fait partie.

Responsable du service pédiatrie, de la réanimation néonatale et du Pôle mère/enfant du Centre Hospitalier de Pau, Thierry Mansir évoque avec modestie un parcours hospitalier, fertile en expérience. Passé par Bordeaux, La Réunion, Paris-Necker enfants malades, puis à nouveau Bordeaux, Thierry Mansir exerce à l’hôpital de Pau depuis les années 2000. Il est actuellement à la tête d’un service de 150 soignants dont 60 en réanimation néonatale.

LES SOINS DE DÉVELOPPEMENT

« J’ai toujours souhaité me consacrer à la pédiatrie. Lors de mes études, la spécialité réanimation en néonatologie était en plein essor, ce secteur bouillonnait d’innovations, ce qui a motivé mon choix de spécialisation et mon intérêt pour la relation parents/enfants ». Thierry Mansir évoque l’évolution des services de néonatologie et la métamorphose de la prise en charge dans les années 80/90. « Des améliorations techniques notoires ont vu le jour, nous avons progressé dans des soins moins agressifs grâce à la qualité d’une prise en charge technique de plus en plus performante. »

Très attentif aux pratiques professionnelles développées dans les pays scandinaves, Thierry Mansir évoque la nécessaire alliance entre une prise en charge technique et un accompagnement bienveillant.

« Sommes-nous suffisamment accueillants par rapport aux parents ? Outre l’impératif d’une grande rigueur médicale et scientifique que nous maîtrisons mieux aujourd’hui, comment pouvons-nous prendre du recul et mettre plus d’humanité dans nos pratiques professionnelles ? Tout ce qui pouvait être agressif a été techniquement diminué mais nous devons continuer à travailler sur l’observation, être attentifs aux rythmes du nouveau né, à son indispensable confort, à l’accueil matériel et psychologique des familles… Les soins de développement qui visent à créer un environnement respectant le rythme du nouveau-né, prennent en compte le bruit, la douleur, l’éclairage du service, le rythme des soins… Ils en sont encore à un stade de balbutiement, c’est la seconde révolution à accomplir. »

UN PROJET RESTE FRAGILE

En 2007, des travaux réalisés dans l’unité de néonatologie ont permis de mettre en avant l’importance d’un environnement calme et structuré, notamment par le biais de chants dans le service (berceuses chantées par le personnel soignant) dans le cadre du dispositif Culture à l’hôpital. « Les alarmes délocalisées, l’accueil d’un seul bébé par chambre sont des réalités que nous avons souhaitées et qui contribuent au changement. Un projet est toujours passionnant à mettre en œuvre mais il faut des années pour le construire et il reste fragile » souligne Thierry Mansir.

« Avec Anne Lacassagne coordinatrice pédagogique, musicienne au GAM¹ de Pau et toute l’équipe soignante, nous avons mené une réflexion autour du chant dans le service. Précédé par un temps de formation pour tous les personnels, le chant autour du bébé permet de partager une dimension intime sans être intrusif. Il a fallu veiller à entrer dans le sensible, en préservant l’équipe et la place du soignant. L’hôpital peut être un lieu sauvage et violent mais nous partageons un projet avec des professionnels passionnés, c’est aussi ce qui m’a attiré dans la néonatologie. » 

Au-delà de cette profonde réflexion autour du soin, Thierry Mansir n’évoque pas son engagement bénévole à l’une des missions du voilier mythique de la Fondation Tara Expéditions². La discrétion le caractérise… ainsi que son souci de l’environnement, encore et toujours. 

• HK