Ce sont les puéricultrices directrices qui se sont risquées les premières – dans les années 80 – à s’inscrire aux stages de l’association Enfance et Musique proposés par le CNFPT : « Nous n’avions pas encore d’éducatrice, et sentions un besoin de perfectionnement dans l’animation… Ces stages nous ont tout de suite plu car l’équipe d’Enfance et Musique proposait un accueil ouvert et très respectueux des personnes », raconte Anne-Marie Rakotonindrany, première directrice de la crèche, qui « aime bien la musique mais ne joue pas d’instrument et ne sait pas faire chanter ». Aux nouvelles embauchées du début des années 90, Laurence Carrié, puéricultrice, aujourd’hui directrice de la crèche, et Viviane Dodin, éducatrice, elle propose, à leur tour, de participer à ces stages de formation : « À l’époque, nous étions sensibles à la musique et à la chanson, mais ne nous sentions pas capables d’enseigner des chants aux assistantes maternelles et aux enfants », précise l’ancienne directrice.
Alors, l’idée que les assistantes maternelles pourraient également bénéficier de ces formations s’est naturellement imposée et la directrice a obtenu de la municipalité le financement de formations pour celles qui le souhaitaient. L’installation dans les nouveaux locaux a ensuite permis que les stages se déroulent au sein de la structure et associent les professionnelles de la crèche (puéricultrice, éducatrice, assistantes maternelles), celles de la halte-garderie et parfois même une conteuse de la bibliothèque.
Six formations ont eu lieu – une par an – et toutes les assistantes maternelles ont pu participer à un stage, parfois même à deux : cinq journées de formation à chaque fois, avec un intervenant d’Enfance et Musique, sur l’éveil musical et les chansons, pour imaginer et raconter des histoires ou découvrir que l’on peut jouer de tout avec les bébés. Cinq journées pour découvrir pour elles-mêmes le plaisir de jouer avec les sons ou les mots, pour enrichir leur répertoire de chansons et d’histoires et retrouver le goût de l’exploration libre, de l’imagination que l’on peut laisser divaguer. « Pas de cours magistral mais chacune partait de ce qu’elle était et essayait de le développer. C’est très important pour oser se lancer », précise Laurence Carrié. Des temps entre adultes mais aussi des temps d’animation avec les enfants et quelque fois même, en fin de journée, un moment de chansons avec les parents.
Changer de regard sur ce que fait l’enfant
Chacune y a pris ce qui lui parlait. Patricia Lemaire, qui a suivi le stage « Jouer avec les bébés, » a « compris qu’il vaut mieux observer l’enfant, le regarder et comprendre ce qu’il veut et ce qu’il souhaite faire ou ne pas faire. Avant, c’était un réflexe de donner un jouet à l’enfant et d’attendre de lui qu’il en fasse quelque chose de bien précis. S’il faisait tomber le jouet ou qu’il s’en servait d’une autre manière que celle à laquelle j’avais pensé, je lui remettais dans les mains ou lui montrais comment faire. Maintenant, je fais plus en fonction de la volonté de l’enfant, je le regarde et j’essaie de comprendre dans quelle direction il veut aller. »
Fernanda Leitao, elle, dit avoir « découvert comment raconter une histoire aux enfants ». Même si, bien entendu, il n’existe pas de méthode miracle : « Quand je lis une histoire aux enfants, si je vois que l’un d’eux n’est pas intéressé, qu’il préfère jouer tout seul, je le laisse tranquille, je ne l’oblige pas à écouter. En fait, je me suis rendue compte qu’il écoute d’une manière ou d’une autre et, à un moment donné, il s’approche d’un air détendu. Il s’agit de ne pas forcer l’enfant. Avant je ne sentais pas ce genre de chose. J’avais l’habitude d’aller chercher les enfants et de les asseoir quand j’avais décidé de lire une histoire, alors que maintenant, je les laisse venir s’ils en ont envie. »
Faire plus attention aux « petites choses »
Et pour Laurence Carrié : « Les stages ont fait évolué les façons de faire des assistantes maternelles. Elles trouvent désormais du positif dans toutes les situations parce qu’elles ont appris à jouer avec ce qui arrive ; mais pour cela, il faut écouter les signaux de l’enfant !» Et se laisser emporter par son jeu et son imaginaire : « Parfois, j’entre dans l’imaginaire des enfants lorsqu’ils m’y invitent. Je suis plus sensible au regard que je porte sur eux et c’est un plaisir de prolonger les temps de jeu pendant lesquels je les observe jouer entre eux et partager. C’est un vrai apport des formations de faire plus attention aux petites choses », témoigne Maryse Humbert. « En fait, je m’aperçois que faire des choses avec les enfants participe à leur accompagnement. C’est à la fois la découverte du monde de l’enfant pour nous, professionnelles, et celle du monde de l’adulte pour l’enfant, tout cela grâce au jeu. »
Maryse Humbert a beaucoup appris des formations et pense que cela a changé sa manière d’accueillir les enfants. D’ailleurs, explique-t-elle, « je vois bien que je m’occupe de la petite fille, dont j’ai la garde différemment de mes propres enfants lorsque j’étais une jeune mère ».
Les assistantes maternelles sont unanimes, les stages sont venus nourrir leur savoir-faire de professionnelles tant à la crèche qu’à leur domicile !
Des formations rendues possibles grâce au Contrat Enfance
En 2000, quand les formations à la crèche ont commencé, la ville de Beauchamp était en Contrat Enfance avec la Caf. Ses capacités d’accueil des enfants répondant aux besoins des familles, la Ville a pu axer les objectifs de ce contrat sur la qualité de cet accueil et non pas sur l’augmentation du nombre de places. C’est ainsi que les formations ont été prises en charge dans le cadre de ce contrat. La confiance des élus de la ville, comme celle du directeur général des services, qui pensaient que « la culture est importante dans la vie des gens » et qui ont facilement compris l’enjeu, pour les assistantes maternelles, de ces formations qui « déplacent du quotidien », a fait le reste.
Depuis 2007, dans le nouveau Contrat Enfance Jeunesse, la prise en compte des dépenses de formation n’est plus possible ; c’est à la commune d’en assumer seule la charge. Alors les assistantes maternelles sont incitées à utiliser leur droit individuel à la formation (Dif) ce qui leur permet de continuer à se former sur de nouveaux thèmes comme ceux de l’accueil de l’enfant porteur de handicap ou des douces violences… ν
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