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1.2.3. ÉVEIL, une association d’assistantes maternelle en pays de Marennes-Oléron

1.2.3. ÉVEIL est une association d’assistantes maternelles agréées indépendantes dont l’objectif principal est de promouvoir la socialisation et l’éveil des enfants qu’elles accueillent par diverses activités culturelles et artistiques.

Créée en 1996 par plusieurs assistantes maternelles du pays de Marennes-Oléron, en Charente-Maritime, 1.2.3. ÉVEIL constitue un lieu de rencontre intercommunal pour les assistantes maternelles, les enfants et leurs parents. L’association est constituée de trois groupes d’assistantes maternelles : l’un, sur le continent, à Marennes, et deux sur l’île d’Oléron, dans les communes de Saint-Georges et de Saint-Trojan, ce qui permet à de nombreuses familles de bénéficier de cet accueil privilégié des enfants. Trois salles, mises à disposition par ces trois municipalités, accueillent, chaque matin, enfants, assistantes maternelles et parents pour des temps collectifs de rencontres, d’échanges et d’activités.

 

Depuis 1996, l’association a grandi et s’est transformée. Mais comment est-elle née ? L’élément déclencheur de la création de l’association 1.2.3. ÉVEIL a été la participation de quelques assistantes maternelles de Marennes et d’Oléron, qui ne se connaissaient pas à l’époque, à la formation de soixante heures obligatoire pour obtenir leur agrément. La puéricultrice de la protection maternelle et infantile (Pmi), qui anime la formation, les ouvre à de nouvelles façons de considérer les enfants, de les écouter, de les observer et de les comprendre. Son approche de l’enfant les intéresse et ces trois assistantes maternelles décident de se rassembler pour s’aider à la mettre en pratique. C’est ainsi que Martine Guépin, Jocelyne Bordrie et Astride Seguin fondent 1.2.3. ÉVEIL.

Une association créée pour mieux accueillir les enfants

Martine Guépin, aujourd’hui encore assistante maternelle à Marennes, devient la première présidente. Jocelyne Bordrie et deux collègues trouvent un local à la maison des associations, à côté de chez Jocelyne à Cheray, sur l’île d’Oléron, et les premières activités sont organisées sur ces deux territoires. Mais lancer une association n’est pas une tâche aisée, surtout lorsqu’il s’agit d’accueillir ensemble les enfants qui vous sont confiés ! Des dissensions surviennent entre les adhérentes de Marennes et celles d’Oléron, chaque groupe organise ses propres activités, les liens se distendent…

En 2000, Jocelyne Bordrie devient présidente. Elle cherche à rapprocher les deux groupes et à impulser la construction d’un projet commun. Il y est question de mieux répondre aux besoins des enfants et d’améliorer la qualité de l’accueil des tout-petits en proposant un projet pédagogique comme guide et des activités pour le mettre en pratique. Des règles sont élaborées pour faciliter le fonctionnement de l’association : « Laisser les enfants jouer dans un espace de liberté et de socialisation tout en posant des limites pour le respect de chacun ; parler à l’enfant, mettre des mots sur les situations ; ne pas juger les façons de faire des collègues mais en parler ensemble, partager nos expériences, remettre en question nos habitudes, s’interroger, douter… »

Aujourd’hui, l’association rassemble 27 assistantes maternelles de Marennes et 20 d’Oléron, mais aussi des parents, pères ou mères au foyer, qui viennent partager des moments d’accueil collectif avec leur enfant, environ 120 enfants au total, et dispose de locaux spécialement aménagés pour recevoir en toute sécurité des bébés (qui peuvent avoir besoin de dormir au calme) et des enfants qui commencent à marcher. 

Les assistantes maternelles, les parents et les enfants y viennent régulièrement pour jouer dans un espace aménagé pour eux mais surtout pour la richesse des propositions qui y sont faites : ateliers de rencontre avec une accordéoniste, un guitariste ou un violoniste qui accompagnent le répertoire de chansons ou font découvrir toutes les sonorités de leurs instruments. Découverte d’instruments extra européens avec un percussionniste, du chant lyrique ou polyphonique avec de jeunes étudiants en musicologie de la faculté de Poitiers. Apport de nouvelles langues avec la contribution de parents de diverses origines culturelles (grecque, russe, allemande). Mais aussi rencontre avec une conteuse, une plasticienne ou une danseuse comme dans le projet Pour que dansent les bébés. Les propositions varient selon les années et la possibilité de faire appel à des intervenants locaux qui acceptent de se risquer auprès des très jeunes enfants.

Souvent ce sont les assistantes maternelles elles-mêmes qui prennent en charge une activité : peinture, travail de l’argile, collage, découverte de diverses matières et matériaux, parcours psychomoteur mais aussi mise en jeu de la motricité fine (semoule, enfilage, lacets…), ou encore jardinage, autant de situations issues de celles que, souvent, les assistantes maternelles ont expérimentées dans les formations ! Quelle que soit la nature de l’activité et la présence ou non d’un intervenant, chaque assistante maternelle reste la référente des enfants qu’elle accueille. 

Quand ils le souhaitent, les parents sont les bienvenus lors de ces séances qui ont lieu en matinée. Le planning est connu à l’avance et chaque assistante maternelle vient quand elle le peut, une ou plusieurs fois par semaine en fonction des rythmes et des besoins des enfants qu’elle accueille. Certaines ne viennent qu’aux fêtes (arbre de Noël, fin d’année…) ou aux évènements qui ont lieu à l’extérieur, comme les animations à la maison de retraite ou au centre héliomarin qui accueille des enfants handicapés.

D’autres viennent très régulièrement et certaines assistantes maternelles en profitent parfois pour déjeuner sur place avec les enfants avant de rentrer à leur domicile où les enfants retrouvent la tranquillité de la vie familiale. Le déjeuner pris en commun est un moment important. Chacune apporte le repas, prêt à être réchauffé, de « ses » enfants, et c’est l’occasion de confronter ce que chacun aime manger, la conception que chacune se fait de ce qu’un enfant « doit » manger ou pas, de ce que souhaitent les parents, de l’autonomie à laisser, ou pas, à l’enfant dans sa façon de se nourrir… Les assistantes maternelles adeptes de ces repas partagés trouvent ces moments très enrichissants pour tous, enfants comme assistantes maternelles !

Association d’assistantes maternelles ou RAM ?

Pour les parents et les assistantes maternelles, l’association organise également des soirées débat gratuites, avec des spécialistes (psychologues, philosophes, formateurs en puériculture, orthophonistes…). Deux thèmes parmi ceux développés : « l’autorité a-t-elle un sexe ? » et  « comment faire passer les valeurs ? ». Elle a même mis en place et trouvé les financements pour plusieurs actions de formation, en particulier dans le domaine artistique.

Il arrive à 1.2.3. ÉVEIL de renseigner de jeunes parents à la recherche d’un mode d’accueil sur l’île et désireux de recevoir des conseils de professionnelles.

Ces initiatives de l’association sont reconnues par tous, parents, assistantes maternelles, mais aussi service de Pmi et Caf, comme un plus pour la qualité de l’accueil des enfants ; elles permettent aux assistantes maternelles d’être moins isolées et de continuer à se former, ce qui contribue à la reconnaissance et à la valorisation de leur profession. Elles sont également une occasion de rencontres avec les parents mais aussi entre parents et offrent aux enfants la possibilité de partager des activités avec des enfants de leur âge, de vivre des situations exceptionnelles, en particulier lors des rencontres avec les artistes. Les parents ne s’y trompent pas qui, lorsqu’ils cherchent un mode d’accueil, donnent la préférence à une assistante maternelle adhérente à l’association ou demandent à leur assistante maternelle d’y adhérer pour que leurs enfants puissent bénéficier des rencontres collectives ! 

Il n’y a pas de relais assistantes maternelles sur l’île mais 1.2.3. ÉVEIL en remplit la majorité des fonctions et est reconnue, sur ces territoires, comme un lieu de référence en ce qui concerne les très jeunes enfants. Un projet de Ram est en cours d’étude depuis plusieurs années mais n’a pas encore vu le jour…

Et l’association n’a pas attendu pour compléter son nom : Association d’assistant(e)s maternel(le)s agréé(e)s
du Pays Marennes-Oléron. Accueil intercommunal-Espace parental. »

Jocelyne Bordrie est, depuis janvier 2007, éducatrice de jeunes enfants.Elle a obtenu son diplôme par le biais de la validation des acquis de l’expérience (VAE) tout en continuant toutes ses activités : « Il n’a pas été facile de mener en parallèle mon travail d’assistante maternelle, mon implication dans l’association et la préparation de l’examen, mais maintenant c’est acquis. Dans les faits, ça ne change rien au quotidien, en tout cas pour le moment. Il s’agit plus d’une reconnaissance symbolique. » 

Des choix éducatifs revendiqués

Ce diplôme consacre, s’il en était besoin, la réflexion menée par l’association qu’elle anime et les choix éducatifs revendiqués : « Entre laxisme et autoritarisme, il y a un équilibre à trouver dans la manière d’éduquer les enfants. Cela fait douze ans que j’essaie de montrer par tous les moyens l’intérêt de la communication avec l’enfant, son écoute, pour le laisser choisir par lui-même, quitte à ce que ce choix déboussole l’adulte. Je considère que les enfants sont des personnes, pas des objets à formater. Tout dépend du regard que l’on porte sur eux. Je suis convaincue que les automatismes et les idées préconçues des adultes peuvent évoluer, même si cela prend du temps. Je suis tellement convaincue de l’intérêt pour l’enfant de nos pratiques que, même s’il est difficile de les faire accepter par certaines collègues, je sais et je l’ai constaté avec le temps (parfois très long) que des choses passent. Et même si ce n’est que pour quelques enfants, c’est déjà ça. » 

Concrètement, à 1.2.3. ÉVEIL, il est recommandé aux assistantes maternelles d’accompagner l’enfant en respectant ses envies de découvertes, en privilégiant la dimension ludique, sans attente de résultat, en acceptant ses besoins d’inactivité et de rêverie. Des objets divers, des jouets sont mis à leur disposition, à leur portée (au sol), et des expériences leur sont proposées dans un cadre sécurisé, sous le regard des assistantes maternelles et/ou des parents. 

Ceux-ci sont bien présents dans la tête des assistantes maternelles et un des axes du projet pédagogique nomme clairement que « cet accompagnement de l’enfant doit se faire en relation étroite avec les parents employeurs qui délèguent leur responsabilité parentale ». Le projet éducatif mis en place au sein de 1.2.3. ÉVEIL permet ce travail relationnel, puisque enfants, assistantes maternelles et parents peuvent se rassembler dans les locaux. Les parents apprécient cette lisibilité du travail de l’association et ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à souhaiter confier leur enfant à des assistantes maternelles de l’association.  

 

 1.2.3. ÉVEIL organise aussi des formations

La belle époque…

En un peu plus de dix ans, l’association 1.2.3. ÉVEIL a réussi à trouver les moyens (avec le soutien de la Ddass au début puis de la Caf) de la formation continue de ses adhérentes !

Fidèle à ses objectifs de mettre l’éveil culturel et artistique au cœur des pratiques éducatives, elle a commencé par organiser cinq stages d’une semaine avec l’association Enfance et Musique.

Une quinzaine d’assistantes maternelles adhérentes de l’association, venues de Marennes et d’Oléron, y ont participé moyennant une organisation subtile pour associer des temps de formation en présence des enfants et des temps, le soir ou le week-end, pour expérimenter et réfléchir entre adultes, tout en tenant compte de la vie familiale de chacune et des distances entre les deux pôles d’accueil des enfants !

Plusieurs thèmes ont été travaillés : “La musique et le tout-petit“ en 2001 pour une première approche de l’environnement sonore du très jeune enfant, de l’écoute de ses productions musicales, pour imaginer des nouvelles formes d’échanges et de jeux musicaux.

En 2002, dans la continuité du premier stage, les assistantes maternelles ont souhaité découvrir le langage du corps de l’enfant et développer de nouvelles propositions qui sollicitent son mouvement avec le stage “De l’éveil corporel du jeune enfant à la danse”.

Puis, un peu plus tard, deux  stages sur le livre et les histoires, pour imaginer, raconter des histoires et même fabriquer son propre album, ont ouvert les assistantes maternelles à l’univers des contes, de l’imaginaire et à son investissement grâce à l’écriture et ou à l’expression plastique. 

Enfin, avec le stage “Entendre, sentir, voir pour mieux communiquer avec l’enfant”, les plus volontaristes ont eu l’occasion d’affiner leur écoute et leur observation des tout-petits pour imaginer des propositions les plus ajustées possible à leur état intérieur.

Les assistantes maternelles qui ont participé à ces formations sont unanimes : elles ont retrouvé le plaisir de jouer, d’explorer sans chercher de résultat, elles ont eu la sensation de renouer avec des émotions de leur enfance (souvenirs du plaisir des patouilles dans la gadoue, par exemple, au contact de l’argile) mais aussi d’être plus attentives à leurs propres sensations « que l’on ignore la plupart du temps et qui sont très différentes d’une personne à une autre face à une même situation ». 

Pour les enfants, toutes évoquent la découverte de l’importance d’écouter l’enfant, de respecter ses choix et ses initiatives. Elles racontent également comment elles ont découvert que l’enfant écoutait, s’exprimait avec son corps tout entier et qu’il n’avait pas besoin de rester sagement assis pour, par exemple, profiter pleinement d’une histoire.

Depuis les restrictions financières,

Il a fallu trouver d’autres moyens de financer les formations !

Une formation de secourisme a pu être organisée en 2007-2008 en partenariat avec la Croix-Rouge. En 2008, grâce à un savant montage avec le Dif des assistantes maternelles qui le souhaitaient, l’association a mis en place un stage de communication, animé par Sophie Magnes-Grosheny, à partir des ouvrages Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, et Parents épanouis, enfants épanouis, d’Adèle Faber et Elaine Mazlish, elles-mêmes mères de famille devenues auteures et formatrices. Trois parents et quatre assistantes maternelles y ont participé. En février et mars 2011, un autre stage basé sur l’ouvrage Jalousies et rivalités, des mêmes auteures, et correspondant à la suite de celui de 2008, est initié.

Grâce à ces formations, les relations entre les adultes changent ; les temps d’échanges entre eux leur permettent d’évoquer davantage leur ressenti, de formuler leurs idées, leurs questionnements, leurs doutes, de les partager sans se juger et d’apprendre de l’expérience des autres. «Seule on peut régresser même en sachant des choses », confie l’une d’elles. Les stages les ont aidées à se reconnaître professionnelles de la petite enfance mais aussi à mieux se connaître elles-mêmes, à s’accepter, à oser, à prendre confiance en elles pour avoir confiance en l’enfant. 

En outre, les stages ont été une occasion de mieux se connaître entre assistantes maternelles insulaires et celles du continent et de réactiver des projets communs.

Pour tout renseignement 

Jocelyne Bordrie

1.2.3. ÉVEIL

Chemin de la Galauzière

17190 Cheray

Tél. : 06 70 84 87 04

asso-123.eveil@hotmail.fr

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