Marie-Odile Némoz Rigaud, psychologue, Pyrénées-Atlantiques

Parcours atypique d’une psychologue qui contribue, au sein du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, à la présence de l’art au quotidien dans les lieux d’accueil du tout-petit.

Avenante et prolixe, Marie-Odile Némoz-Rigaud partage avec conviction ses années d’expérience de psychologue hors-norme. « La vie n’est faite que de rencontres et de partages intellectuels et pratiques. J’ai toujours pu construire avec des gens ! ». Sensible à l’aspect pluridisciplinaire des pratiques artistiques, elle s’est aussi intéressée aux professionnels de l’enfance « pas assez reconnus et qui pourtant donnent beaucoup d’eux-mêmes dans leur travail ». Tout au long de sa carrière, elle n’a eu de cesse de dynamiser les modes d’accueil de l’enfance et d’introduire l’éveil culturel dans les propositions de formation car « former, c’est nourrir en conservant pour chacun sa capacité à créer ».

TROUVER LA JUSTE PLACE AUPRÈS DE L’ENFANT

« L’éveil culturel est une question centrale ; depuis ma rencontre avec Marc Caillard¹ et Jacqueline de Chambrun² dans les banlieues du 93, j’ai toujours tenté de mettre en avant ce que les gens savent faire. Ce premier lien avec l’éveil culturel a constitué les prémices de mon travail dans les Pyrénées-
Atlantiques. J’étais convaincue que les professionnels de l’enfance devaient rencontrer des artistes mais sans pour autant faire à leur place. J’ai toujours milité pour le respect de la créativité des assistantes maternelles. Les professionnels de l’enfance sont des créateurs de vie quotidienne…». 

La posture des professionnels de l’enfance, abordée notamment dans des contextes de formation, reste un élément déterminant du travail de M.-O. Némoz-Rigaud. « Créativité et point de vue sont deux questions fondamentales pour aborder l’accompagnement du tout-petit. La rencontre des artistes et des œuvres a un rôle essentiel dans la construction pour chacun de son point de vue. Leurs propositions sont parfois mal conçues, soit parce que l’on projette une pensée d’adulte, soit parce que l’on présuppose une attente enfantine. La méconnaissance de l’enfant explique sans doute certaines erreurs dans la relation à l’autre. Il me semble incontournable de se (re)formuler l’attente : ce que je vois et d’où je suis… La juste place par rapport à l’enfant est parfois difficile à trouver et il faut sans cesse se reformuler la nécessité de la relation à l’autre ».

CRÉATIVITÉ, ENCORE ET TOUJOURS

Depuis plus de 20 ans, M.-O. Némoz-Rigaud a participé à l’amélioration de l’accueil des très jeunes enfants dans un département essentiellement rural. Elle a en particulier développé des résidences d’artistes en crèche « parce que la création au cœur d’un lieu d’accueil dérange, interroge, déclenche »… En multipliant les actions de formation et en favorisant le contact direct avec les artistes et les œuvres (par exemple les deux cars d’assistantes maternelles pour aller visiter le Musée Guggenheim à Bilbao !), elle souligne que « le Conseil général peut être très actif et surtout très créatif ! Il crée des appétences ». Aujourd’hui elle poursuit ses activités au sein du pôle jeunesse mais s’investit toujours dans l’écriture et la formation. « Pour faire du lien et parce que l’enfant, c’est ici et maintenant ! »

• Propos recueillis par Hélène Kœmpgen