Au gré des réformes, les collectivités territoriales se voient de plus en plus confrontées au transfert des compétences de l’État. La mise en place des nouveaux rythmes scolaires a généralisé des temps d’activités périscolaires qui ont fait émerger d’importants besoins en formation auprès des personnels, notamment au sein des Accueils de loisirs sans hébergement (ALSH).
L’Association des Maires de France (AMF) a mené avec la branche famille de la Caisse Nationale d’Allocations Familiales (CNAF) une étude qui permet de faire un premier point d’étape et de recenser les besoins. « Sans distinction entre les classes maternelles et élémentaires, les communes organisent des activités diversifiées dans le cadre des NAP1 : elles proposent des activités artistiques et culturelles (94 %), des activités physiques et sportives (87 %), des jeux collectifs (84 %) ou encore des jeux calmes, repos et détente (70 %) et des ateliers de lecture ou d’écriture (56 %). Pour organiser ces activités spécifiques, les communes font appel à une diversité de structures : des ALSH (cité par 48 % des communes ayant mis en place un accueil), des associations culturelles ou artistiques (39 %), sportives (39 %), des médiathèques ou ludothèques (28 %). Elles font également appel à des intervenants ponctuels. » Chaque collectivité territoriale se voit donc confrontée à la qualification de ces personnels en charge d’animer ces nouveaux temps périscolaires et 45 % d’entre elles, toujours selon l’étude de l’AMF et de la CNAF, constatent des manques de compétence spécifique. Il devient donc nécessaire de raisonner en terme de projets portés par des référents et soutenus par la collectivité, qui valorisent le travail mené et dotent les animateurs d’outils pour mettre en œuvre le projet éducatif territorial (PEdT). Le contexte territorial devient déterminant pour donner aux personnels les moyens de se qualifier et pour répondre à la question du sens de leur mission. À la question posée par des agents parfois lassés « pourquoi sommes-nous là ? », la formation continue tente d’apporter des réponses en terme de projet global d’animation et de médiation, et d’apport d’outils concrets de mise en œuvre. Se rappeler pourquoi on anime un atelier le lendemain, de quelle maîtrise de contenus on dispose, dans quel contexte de projet éducatif l’ensemble des ateliers est inscrit. Toutes ces questions fondamentales traversent aujourd’hui les métiers de l’animation. La connaissance des établissements culturels susceptibles de partager un projet est synonyme de synergies partenariales qui viennent enrichir un projet à l’échelle d’un territoire. « Le projet éducatif territorial, établi à l’initiative des collectivités, permet de formaliser le parcours éducatif des enfants. Il est un vecteur de la complémentarité et de la continuité entre le temps scolaire et le temps périscolaire. Il est désormais nécessaire pour bénéficier de l’aide de l’État. » Enfance et Musique a réalisé plusieurs sessions de formation auprès des animateurs en charge de l’accueil des enfants de l’école maternelle et de l’école élémentaire. Ces parcours de formation réalisés avec les villes de Clichy-la-Garenne, Pantin, Bondy, Vincennes, Boulogne-Billancourt, Saint-Nazaire, la Carenne, Angers, Charleville-Mézières… mettent tous en avant l’importance de l’accueil et les nécessaires compétences à développer dans les activités artistiques et culturelles.
Face à des animateurs, parfois désorientés dans un contexte nouveau, ressort l’envie de s’immerger dans des contenus mobilisateurs, qu’il s’agisse du livre, du conte, de la musique, du corps en mouvement, du théâtre ou encore des arts plastiques. Il est sans doute incontournable de rassurer et d’apprivoiser certaines craintes mais chaque formation démontre, la plupart du temps, les ressources et la curiosité tant de la part des animateurs que des Atsem (agent territorial spécialisé des écoles maternelles). Le temps de formation est vécu comme une remise en mouvement personnelle qui vient parfois combler un manque d’estime de soi renforcé par un sentiment de « routine » dans sa vie professionnelle. Une formation devient synonyme de réémergence d’un capital confiance, de découverte de compétences enfouies ou insoupçonnées, d’une véritable curiosité active concernant l’environnement culturel. Chacun peut aller plus naturellement vers un domaine artistique de prédilection mais aussi s’autoriser à investir un domaine nouveau.
La ville de Pantin a imaginé, dans ce nouveau contexte, un vaste parcours de formation pour 24 animateurs (classes maternelles et élémentaires) visant à leur donner des compétences méthodologiques de conception et de gestion de projet culturel, des acquis pratiques en musique, arts plastiques, théâtre et littérature, des expériences auprès de partenaires culturels (Le Louvre, le Parc de la Villette…). Ce parcours exigeant, entamé en octobre 2015, s’achèvera en juin 2016. Porté par l’ensemble des services de la ville (éducation/jeunesse, formation, affaires culturelles) mais aussi par la délégation de la Première Couronne du CNFPT, ce chantier ambitieux s’est donné le temps et les moyens pour conforter des agents dont le potentiel d’implication s’est révélé plus que positif. Passées les craintes légitimes de se confronter à des pratiques artistiques et culturelles, nouvelles ou redoutées, les animateurs ont déployé des compétences créatives et révélé un désir de fréquentation des institutions culturelles qu’ils réinvestissent dès à présent dans leurs pratiques régulières avec les enfants. L’intérêt d’un tel parcours réside sans doute dans sa temporalité : les étapes d’acquisition et de découverte, ont été jalonnées de temps méthodologiques et d’un retour d’expériences d’une grande richesse. D’une étape à l’autre, certains ont pris sur leur temps personnel pour formaliser un projet à partager, s’enquérir des ressources du terrain pantinois et démontrer par là-même leur dynamisme et leur engagement de porteurs de projet. Les prochains rendez-vous vont encore enrichir cette expérience et nul doute que ce travail de formation continue aura enrichi à titre personnel et à titre professionnel les animateurs désireux de s’investir dans de nouvelles pratiques. Une telle initiative ne peut que faire bouger les lignes et modifier sensiblement la relation des agents à leur territoire et la pertinence de leur rôle éducatif auprès des jeunes enfants.
Bien que la nouvelle donne ne soit pas simple à mettre en place pour les collectivités territoriales, la qualification des acteurs, relayée par l’implication du CNFPT, va modifier à moyen terme, l’inscription de la vie culturelle dans le quotidien des jeunes et de leurs familles.
•HK
1 – NAP : nouvelles activités périscolaires
Au printemps 2015, alors que les nouveaux rythmes scolaires se sont généralisés depuis septembre 2014, la Caisse Nationale des Allocations Familiales (CNAF), en collaboration avec l’Association des Maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF), a reconduit l’enquête sur la mise en œuvre des nouveaux temps périscolaires et ses impacts financiers pour les communes.
Les quelques exemples cités mentionnent la localisation des projets, les services des collectivités porteurs des projets de formation, les disciplines artistiques et culturelles concernées.
Toutes les actions réalisées dans les collectivités de la Première Couronne et des Pays de Loire ont été relayées par les délégations du CNFPT.
• Bondy : service éducation. Livre, théâtre, musique.
• Pantin : services éducation/jeunesse, culturel. Livre, théâtre, arts plastiques, musique. Partenariat Louvre, parc de La Villette, structures culturelles pantinoises.
• Clichy-la-Garenne : service enfance. Arts plastiques et créativité.
• Le Kremlin-Bicêtre : services enfance, enseignement. Arts plastiques, jeu théâtral.
• Saint-Nazaire, La Carenne (communauté de communes) : formation des Atsem. Musique.
• Vincennes : service enfance, jeunesse. Action culturelle auprès du jeune public.
• Charleville-Mézières : service périscolaire. Éveil corporel et danse.
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